LES CONCOURS ( RÈGLEMENT ) Les sauteurs et lanceurs servis minute Parmi les huit changements entérinés par le conseil de l’IAAF concernant les règles de compétition, l’un est de taille : le passage de trente secondes à une minute du délai accordé aux spécialistes des concours avant de débuter leur élan. Un retour en arrière qui devrait faire des heureux.RÉDACTEUR : FLORIAN GAUDIN-WINER - PHOTOGRAPHE : MANU CHAPELLE / PHOTOATHLE.FR Il y a deux ans, les spécialistes des concours, à l’exception notable desperchistes, faisaient grise mine. Alors qu’ils bénéficiaient jusque-làd’une minute à partir du moment où ils étaient appelés pour débuterleur saut ou leur lancer, ce délai avait été diminué de moitié par l’IAAF, pour être fixé à 30 secondes. Une évolution qui avait pour but avoué de diminuer la durée des concours, afin de dynamiser les compétitions et satisfaire les diffuseurs. Sauf que « ce changement n’a pas conduit à une réduction significative » du timing, comme l’explique Eric Jaffrelot, direc- teur des compétitions de Paris 2020 et officiel technique international. Surtout, « les 30 secondes imparties généraient plus de stress pour les athlètes et les officiels », comme l’a reconnu l’IAAF. « C’est plus dans l’organisation des juges et des procédures mises en place qu’il est possible d’être plus efficace », estime d’ailleurs notre expert. MIEUX S’ADAPTER AU VENT Suite à ce constat, l’IAAF a décidé de revenir à la règle de la minute lors des compétitions internationales. Un retour à la case départ logiquement accueilli avec le sourire par la plupart des athlètes, à l’image du triple sauteur Kevin Luron. « C’est une bonne chose de retrouver un règlement orienté dans l’intérêt des athlètes et de leurs performances, juge le cinquième des derniers championnats d’Europe en salle. Avec un délai d’une minute, on peut mettre plus facilement en place notre routine. Ça m’est arrivé de sauter alors que le drapeau jaune était déjà levésecondes), alors que je n’avais pas(au bout de15 spécialement pris mon temps. » Autre avantage notable : la possibilité de s’adapter désormais plus facilement aux caprices d’Eole. « Quand il y a pas mal de vent, on peut mettre en place une stratégie avec le coach, qui est plus proche de la planche, détaille Kevin Luron. Avec seulement 30 secondes, on n’avait pas le temps d’y penser. » MODIFICATION DE L’ORDRE DE PASSAGE Les sauteurs horizontaux et les lanceurs vont devoir s’habituer cet été à une autre modification, dont l’incidence est cependant moindre. À l’image de ce qui se passe après les trois premières tentatives, lorsque les athlètes effectuent leur quatrième essai en s’élançant dans l’ordre inverse du classement, le passage des concurrents pourra également être modifié entre les cinquième et sixième essais. Une évolution qui a d’ailleurs déjà été mise en place en mars dernier lors des Europe de Glasgow. L’objectif : augmenter la dramaturgie des concours, en permettant au leader éven- tuellement doublé sur le fil de reprendre son bien. Reste qu’en Écosse, il est arrivé à plusieurs reprises qu’un sauteur, assuré de la médaille d’or, décide tout simplement de ne pas tenter son dernier essai. La preuve que les athlètes ont, quoi qu’il arrive, toujours le dernier mot. WWW.ATHLE.FR 89