(DANS LA TÊTE DES ATHLÈTES ) Comment revenir d’une grave blessure ? Dans une vie d’athlète, les périodes de longue blessure ne sont jamais évidentes à gérer. Entre espoir, doute et sentiment d’impuissance, le chemin à parcourir pour retrouver son meilleur niveau peut se révéler semé d’embûches. Gravement touchés en 2018, les internationaux Maeva Danois et Valentin Lavillenie ont accepté de partager leurs expériences respectives.RÉDACTEUR : CAMILLE VANDENDRIESSCHE - PHOTOGRAPHE : STEPHANE KEMPINAIRE / KMSP Depuis qu’il est retombé à côté du tapis de perchelors du premier tour des Interclubs, le 6 mai2018, Valentin Lavillenie compte le nombre dejours qui le séparent de cet épisode douloureux. L’opération neuf jours après l’accident qui lui a fracturé le talon gauche, les premiers pas sans béquilles près de trois mois plus tard, la première compétition au bout de neuf mois d’attente… « Cela prend beaucoup de temps, et ce n’est pas fini. J’aurai toujoursdes séquelles, même en dehors de la pratique », confie leperchiste du Clermont Athlétisme Auvergne, « neuf mois et treize jours »après sa lourde chute « Le secret, ce sont les amis, la famille et les personnes qui te tendent la main par des mots ou des gestes. Quand tu perds un peu le moral, tu te dis que tu n’es pas seul. » VALENTIN LAVILLENIE à Vénissieux. « Je n’ai pas de souvenir de l’impact, mon corps a tout bloqué. Mais quand je me relève, je hurle de douleur et retombe par terre. Je me doutais qu’il y avait quelque chose dez Six mois avant de se pété… Après le passage aux urgences, j’ai dû attendre quatreblesser gravement lorsAprès le diagnostic, ç’a vraiment été très dur de voir toutes mes jours avant d’avoir la réponse d’un chirurgien. Pendant ced’un 3000 m steeple ambitions sportives retomber. Mais je me suis tout de suite temps, tu es dans le flou. L’attente est interminableparce queà Oordegem, Maevamis des objectifs pour préparer l’opération. Elle a eu lieu deux Danois était du tu as mal, mais tu ne sais pas quoi faire. » Après l’opérationdéplacement à Samorinmois plus tard, le temps de me construire un corps solide pour aussi, le temps lui semble long. « La vrie qauestion n’est pas deen décembre 2017revenir plus vite après. » savoir si la saison est finie, mais macarrière ! Malheureusement,pour les championnatsTout au long de sa rééducation, la spécialiste du 3 000 m d’Europe de cross. on n’a pas de réponse dans l’immédiat, ni dan les semainess steeple s’accroche aux petites victoires du quotidien pour et même les mois qui suivent… » taire son impatience. « Je ne suis pas patiente, comme tous les athlètes je pense, mais je n’ai pas eu le choix, dit-elle. Je n’aime MICRO-OBJECTIFS ET SOUTIEN DES PROCHES pas trop utiliser ce mot parce que pour moi, c’est comme ne Comme lui, Maeva Danois a souffert dans sa chair et son rien faire. Or, je ne me suis jamais autant entraînée que blessée. âme suite à la rupture du ligament croisé de son genou Créer de petitsobjectifsà court terme m’a permis de canaliser droit le 26 mai 2018 à Oordegem (Belgique). « Mon genou cette impatience. » Pourmieux supporter la période loin des a lâché sur une mauvaise réception en rivière, e n’ai pas puj sautoirs, Valentin Lavillenie chasse le doute en se rappelant repartir, se souvient l’athlète de l’EA Mondeville Hérouville. les progrès réalisés. « Dès que j’avais un coup de moins bien, Ç’aété très douloureux sur le moment parce que je voyais les ce qui arrivait relativement souvent, je regardais en arrière ce autres filles continuer. D’un seul coup, touts’arrêtait pour moi. que je n’arrivais pas à faire deux semaines ou un mois avant, 86 ATHLÉTISME MAGAZINE AVRIL-MAI 2019