CChahan Minassian glisse entre une commode de Paul Evans et uneconsole de Karl Springer une banquette ou une lampe dessinée parses soins. Ensemblier de génie, il a toujours réussi à marier piècesELA FAIT DÉJÀ PLUSIEURS ANNÉES que sur ses stands au PAD, vintage et créations contemporaines, déclinant à l’infini sa palette de couleurs sourdes – vieil or, brun, sable, ivoire –, parfois rehaussées de touches turquoise, sur fond de panneaux de laque de Nancy Lorenz et de paravents en céramique de Peter Lane, ses deux artistes maison. Ses mises en scène sophistiquées et voluptueuses évoquent invariablement le glamour seventies d’une villa de Los Angeles ou plus exactement le fantasme que l’on en a. Mais paradoxalement c’est au cœur du Carré Rive Gauche à Paris qu’il étend sa toile. Après avoir ouvert en 1999 un premier bureau rue de Beaune, il inaugurait en 2008 une galerie rue de Lille, puis il y a trois ans il installait son équipe dans un appartement de la rue de Verneuil… Aujourd’hui, il s’agrandit rue de Lille en s’offrant une seconde galerie, dans le même immeuble. Si dans la première le visiteur pouvait trouver du mobilier de designers américains des années 1960-1970, celle-ci est exclusivement dédiée à ses créations. Paravent et lanterne en cristal de roche, méridienne en bronze, table basse en mar- queterie de cuir, autant de pièces qu’il a au départ dessinées pour ses chantiers, puis qu’il a peaufinées. Beaucoup de déco- rateurs créent du mobilier et des luminaires, mais peu osent ouvrir un espace pour les vendre. A quelques centaines de mètres, rue de Beaune, Thierry Lemaire expose ses créations en vitrine. Un peu plus loin, rue de l’Université, c’est Bruno Moinard, et, rue Las Cases, India Mahdavi a depuis long- temps un showroom. Mais c’est tout. Car l’investissement est conséquent. Ceux qui ont participé aux salons AD Intérieurs et AD Collections en savent quelque chose. Souvent réalisés dans des matériaux nobles, ces meubles ont de sérieux coûts de production et Chahan n’échappe pas à la règle, mais son positionnement haut de gamme a depuis longtemps trouvé son public. Ainsi, sa lanterne en cristal de roche à 75 000 € a déjà été commandée à plusieurs exemplaires… Ce qui ne surprend pas ceux qui connaissent quelques-uns de ses clients, comme ce milliardaire qui lui est fidèle depuis ses débuts en 1988. “Entre lui et ses enfants, je ne compte plus les maisons : New York, Londres, Paris, Milan, Gstaad, l’avion, le yacht… Nous avons vraiment créé ensemble un véritable art de vie.” Un client en or, qui visiblement aime investir. Sa dernière acquisition ? Un circuit automobile et une écurie de Formule 1 en Angleterre dont Chahan >>> Ci-contre, de haut en bas : Chahan Minassian. Fauteuil “Smoking Chair”, en Altuglas et bronze. Page de gauche : mur en céramique de Peter Lane, canapé Chahan Design, table Dupré-Lafon. AIR FRANCE MADAME / 141