DANS LE PETIT VILLAGE de Mallemort où SimonPorte Jacquemus a grandi, proche de Salon-de-Provence, tout le monde savait. Le facteur, lesvoisins, sa grand-mère... Un jour, il allait se passerquelque chose de spécial avec ce petit d’une vitalitésans bornes, tout le temps chantant, dansant, met-Growing up in the ProvenSimon Porte Jacquemus—and everyone else intown—knew that he was destined for somethingith energy, he was alwaysspecial. Overflowing wsinging, dancing, putting on skits… “I was the bestin my dance classes and passed the auditions forçal village of Mallemort, tant en scène des histoires. “J’étais le meilleur enthe Marseille Opera,” he recounts, “but I wasn’t interprétation dans mes cours de danse. Je suis entré à l’Opéra de Marseille, maismade for intense physical exertion. Still, I felt this je n’étais pas fait pour le sport à haute dose. Je voulais revendiquer quelque chose.Je ne savais pas si j’allais devenir une star de la chanson ou inner fire that was leading me somewhere…” autre, mais j’étais convaincu que ce feu qui m’animait allait While still in his teens, he sent a letter to Jean- Paul Gaultier offering his services as a stylist. déboucher sur quelque chose.” Un père musicien habitué aux cos- Simon has never hesitated to defy conven- tumes de scène, une mère joueuse et joyeuse, silhouette dos nu en daim juchéetion—including conventions of scale, as seen sur des chaussures lacées, pantalon taille haute, pince tribale dans les cheveux...in his “Chiquito” micro-minibag or his “Bomba” Tous dans la famille ont un goût inné pour la performance : penderie ouverte auxhat, nearly four feet in diameter and a big hit on essayages, rose aux lèvres et cheveux gaufrés, on danse sur Marie Laforêt ou SergeInstagram. Founded in 2009, his Jacquemus Gainsbourg à pleins tubes dans le salon. label is one of the young powerhouses of the “C’est loin, tout ça”, se remémore-t-il. En dix ans, l’enfant prodige, visage à laFrench fashion scene. With titles like “Parasols beauté candide et corps d’Adonis, est devenu une valeur montante de la modeof Marseille,” “Child of the Sun” and “Riviera,” his française. Depuis 2009, date de création de sa marque éponyme, ses collectionscollections are affectionate odes to the Mediterra- appelant à hisser les voiles vers la Méditerranée séduisent un certain public etnean and his native southern France. As he says en exaspèrent un autre. “Parasols de Marseille” ; “L’Enfant du soleil” ; “Santonson his website, “My name is Simon, I love blue and de Provence” ; “L’Amour d’un gitan” ; “La Bomba”; “Riviera”... Ses envoléeswhite, stripes, sunlight, fruit, circles, life, poetry, d’amour adressées à sa terre d’origine, le Sud de la France, ne se comptent plus.Marseille and the 1980s.” Pourquoi s’étonner ? Il a annoncé la couleur dès le départ et très simplement“Je m’appelle Simon, j’aime le bleu et le blanc, lesHis southern sensibility really came to the fore dans sa bio : in 2013, when he invited the fashion world to rayures, le soleil, les fruits, les ronds, la vie, la poésie, Mar- have another look at La Grande Motte, a seaside seille etles années 1980.”Sur son site, il pose tout de blanc vêtu dans resort that no one would have thought chic. Too un champ d’herbes jaunies par la chaleur du midi, appuyé sur une mobylette heartfelt and spontaneous to be tongue-in-cheek, vintage. Capricorne de janvier, gorgé de soleil et de détermination. Pourquoihis inspiration transcends clichés, avoiding direct douter quand notre vision nous porte ? Il n’était pas encore majeur qu’il envoyaitreferences. His “Santons” (named after traditional une lettre de motivation à Jean Paul Gaultier pour tenter de rejoindre son équipeProvençal figurines) are nomore a literal homage en tant que styliste... Rien ne l’effraie, pas même l’idée de balayer les rapportsto Provence than his “Souk” creations are to the d’échelle, comme il l’a fait avec son “Chiquito”, le plus mini des minisacs.medinas of Marrakech and Istanbul. Each time, he Enorme best of, contenant juste un trousseau de clés. A l’inverse, son chapeaucreates a feminine expression that goes beyond “Bomba”, 1,20 m de diamètre, marquait tous les points l’été dernier, maxi efficacecultures and stereotypes, perhaps in the form of pour une silhouette qui claque sur Instagram. a basket-like handbag, a deceptively simple shoe Tout a commencé en 2013, quand il invite la sphèrewith a jeweled heel, a versatile skort… mode à porter un autre regard sur La Grande-Motte — pas “I felt that the press was overplaying my franchement le resort balnéaire le plus chic.Trop spontanée et southernness,” he says, “as though I were a intime pour être au second degré, son inspiration transcende les clichés pourspokesperson for the region. But my style is quite les tirer vers un réel plus tangible que nature. Rien de littéral pour autant. Sessimply based on my obsessions. Each show femmes “Santons” ne sont pas plus une ode à la Provence que son inspirationcorresponds to a period in my life.” Nonetheless, “Souk” n’en est une aux médinas de Marrakech ou d’Istanbul. A chaque fois, he chose Marseille as the setting for the launch il capture une mystique du féminin au-delà des cultures, en jonglant avec lesof his first men’s collection, “Le Gadjo,” last July. préjugés et les contrastes, à l’image de ses sacs rigides qui se ferment comme unIt’s no coincidence that Simon held this pivotal panier d’été, de ses chaussures faussement simples dressées sur des talons bijoux,event in the city that symbolized freedom for him ou de ses jupes shorts à double usage... Vidéos, photos et vêtements révèlent desas a teenager. For the show, he set out to absorb scènes de vie familières avec des filles “vraies” comme dans la rue, des “bombas”the atmosphere of the local life: card games, dansant entre copines. Amis et famille sont invités à la fête. C’est aussi simple quefishing, pistou soup… Anenchanted pause in ça. Imperturbable : “J’ai senti qu’on mettait beaucoup l’accent sur mes inspira-the midst of a hyperactive career. “Eighteen is tions du Sud dans la presse, comme si j’en étais le porte-parole. Mon style, >>>young to be launching a label,” he admits. > AIR FRANCE MADAME / 135