gation réglementaire à la faveurde la directive Droits des « Les entreprises cherchent à rémunérer actionnaires, transposée en France dans la loi Pacte. Les investisseurs doivent désormais publier « une politique leurs actionnaires, ycompris au prix d’engagement actionnarial décrivant la manière dont d'externalités négatives » ils intègrent leur rôle d’actionnaire dans leur stratégie d’investissement » (art. 198). Aux Etats-Unis, où la common law stipule que la —HIRO MIZUNO, directeur général du GPIF responsabilité fiduciaire d’un investisseur lui impose de privilégier l’intérêt de l’actionnaire ou du client avant gration fulgurante des critères extra-financiers dans les toute chose, une petite révolution a eu lieu au cours de gestions pourrait peut-être expliquer la difficile mutation l’été. Le 19 août dernier, près de 200 chief executive offi- des relations avec les investisseurs. « Selon une étude de cers (CEOs) ont publié une déclaration selon laquelle les Bank of America Merrill yc,les dirigeants améri- entreprises ne devraient plus défendre uniquement les cains ont sous-estimé le pourcentage des actions de leur intérêts des actionnaires, mais aussi investir dans leurs société détenues par des sociétés appliquant des stratégies employés, protéger l’environnement et traiter de manière d’investissement durable. L’estimation moyenne étaitd e juste et éthique leurs fournisseurs. « C’est un mouve- 5 %; le pourcentage réel est plus proche de25 % », peut- ment de fond, qui va certainement transformer l’industrie on lire dansHarvard Business Review. financière aux Etats-Unis. En ce qui nous concerne, nous Certaines structures de gouvernance sont montrées appliquions déjà les enseignements de notre stratégie de du doigt. « Dans le secteur des nouvelles technologies ‘stewardship’européenne aux Etats-Unis », explique les fondateurs utilisent souvent des mécanismes de ren- Richard Webb, gérant ESG chez JPMorgan AM. « C’est forcement du contrôle, tels que les droits de vote mul- dans leur mise en œuvre que l’on pourrajuger de l’efec-f tiples leur permettent de conserver le contrôle de l'entre- tivité de ces engagements », tempère Jonathan Bailey, prise, ce qui influe négativement sur la gouvernance. On responsable de l’investissement ESG chez Neuberger retrouve souvent une problématique assezsimilare dansi Berman, dans la mesure où aucune réglementation n’est les groupes familiaux français », relève Richard Webb. à attendre de la part de l’administration actuelle. Dans le même registre, l’exercice du droit de vote reste Sans accès au conseil d’administration et au mana- limité du fait de seuils de détention requis pour déposer gement, il est difficile d’engager un dialogue. Malgré des résolutions externes. « Cela constitue un réel frein quelques progrès, cette pratique n’est pas totalement à notre engagement, de même que les droitsde vote entrée dans les usages. « En France, la désignation d’un doubles dans certaines sociétés françaises », poursuit-il. administrateur référent n’est pas encore une pratique « Le seuil de 0,7 % peut paraître élevé, surtout pour généralisée, notamment en-dehors du CAC 40. En de grandes entreprises, comme Essilor Luxottica. Mais Allemagne, le président du conseil de surveillance orga- comparé à d’autres juridictions, le code du commerce nise des rencontres avec les actionnaires, dont il est le est assez clair sur la procédure. Il est en revanche plus seul interlocuteur. Cette pratique est très récente. Malgré compliqué d’obtenir du conseil d’administration que ces l’hétérogénéité des pratiques, la tednance génrale est àé résolutions soient soumises au vote en assemblée géné- l’amélioration », constate Eugenia Unanyants-Jackson, rale. A contrario, j’en trouve l’utilisation un peu abusive global head of ESG research chez Allianz GI. Les entre- dans les pays scandinaves où il est possible de déposer prises britanniques sont un modèle du genre. « Nous sommes sollicités bien en amont des assemblées géné- rales, afin de fournir notre retour sur des propositions de résolutions. En particulier, plusieurs échanges avec le DISPARITÉS RÉGIONALES comité des rémunérations sont organisés afin de prendre Pourcentage total des votes contre l’ensemble des résolutions de la direction, par pays en compte l’avis des actionnaires », poursuit-elle. A LA TRAÎNE 44 35 31 31 26 26 21 21 21 20 16 10 6 A l’inverse, les Etats-Unis restent à la traîne. « Malgré les idées reçues, les actionnaires n’ont pas toujours eu voix au chapitre sur la structuration de la gouvernance, si ce Japon France Allemagne Taïwan Belgique Pays-Bas Royaume-Uni n’est via des actions incroyablement juridiques ou admi- États-Unis Italie Hong Kong Espagne Suisse Suède nistratives. Par exemple, encore récemment, les seules Pourcentage total des votes d’AllianzGI contre les résolutions relatives options pour les votes d'administrateurs aux assemblées aux rémunérations, pour l’année 2018 et par pays générales de centaines de sociétés du S&P 500 étaientt ‘pour’ ou ‘abstention’. au fameux pays de la ‘primauté 95 74 63 60 57 49 41 38 33 32 31 16 des actionnaires’, on ne pouvait pas voter ‘contre’ la plu- part des administrateurs proposés exliue Sébastien Hong Kong Italie Belgique Espagne Japon Suède Thevoux-Chabuel, analyste ESG chez Comgest. États-Unis Pays-Bas Allemagne France Suisse Royaume-Uni Une méconnaissance par les émetteurs de l’inté- DU 26 SEPTEMBRE AU 2 OCTOBRE 2019L’AGEFI HEBDO/ 21 .8102 ERBMECÉD 13 UA ,SROTSEVNI LABOLG ZNAILLA : ECRUOS