s DOSSIER INNOVATIONS TECHNOLOGIQUESPar Valérie Levée recours à son bagage en génie pour modifier mélange avec les lymphocytes et, surtout, la recette et créer un biogel adapté aux nom- s’assurer qu’ils prolifèrent et qu’ils gardent leur breux défis. « Il est beaucoup plus résistant, capacité à sortir du gel pour aller tuer les cel- rapidement cohésif à la température du corps lules tumorales. « Dans les essais in vitro, on et il assure une meilleure biocompatibilité mettait des fragments tumoraux et on voyait avec les cellules », indique-t-elle. les lymphocytes sortir du gel pour les atta- quer », mentionne Sophie Lerouge. Ces résul- Le biogel étant biodégradable, tats extrêmement prometteurs ont poussé il disparaîtra après le traitement, les chercheurs à passer à l’étape suivante et à s’attaquer à un défi de taille, car le chitosan et les lymphocytes qui perdront ne se présente pas comme une molécule leur matrice protectrice vont homogène. C’est un polymère de longueur variable qui porte sur sa chaîne un nombre cesser de proliférer. tout aussi variable de groupements chimiques acétyles. Comprendre comment modi- fier la recette en conséquence ou obte- nir une source constante de chitosan est nécessaire pour obtenir des résul- tats reproductibles. DES ESSAIS IN VIVO L’étape suivante, qui doit bientôt com- À gauche : dernière étape mencer, est celle des essais in vivo sur avant l'injection : Ça, c’est l’histoire complète que l’équipe de des modèles animaux tumoraux. Il s’agit le mélange du gel encore recherche espère écrire quand le traitement d’induire la formation de tumeurs sous-cuta- liquide à la solution aura fait ses preuves sur des patients. Mais nées chez la souris et d’injecter le gel autour contenant les cellules. À droite : le produit pour le moment, seul le premier chapitre – de la tumeur. Là encore, il faudra vérifier la une fois gélifié celui qui rend compte des essais in vitro – est prolifération des lymphocytes, veiller à leur écrit, tandis que le second – celui qui concerne efficacité pour faire régresser la tumeur et des essais sur des souris – débute. aussi surveiller à quelle vitesse le gel se dégrade dans du tissu vivant. Les essais per- LE LONG CHEMIN DE LA RECHERCHE mettront d’ajuster le nombre de lymphocytes, MÉDICALE la recette du mélange et les conditions d’in- La première étape a été d’éta- jection. Les essais se poursuivront toujours blir la recette du avec des modèles animaux porteurs de mélange entre tumeurs humaines. La chercheuse espère le chitosan et obtenir des résultats convaincants pour attirer les agents géli- l’industrie et accélérer la recherche. fiants pour opti- miser le gel, ce que Le chemin est encore long avant que le trai- l’équipe a fait en trou- tement ne se rende au chevet du malade mais vant de nouveaux il est prometteur, et Sophie Lerouge espère agents gélifiants. Une bien pouvoir transférer le principe pour s’atta- fois le gel obtenu, il quer à d’autres types de cancer – notamment fal lait réussir le le cancer du cerveau. t 34 • SEPTEMBRE-OCTOBRE 2018 •