De la carapace de la crevette, on extrait la chitine. À partire de la chitine, on obtient un biopolymère, le chitosan, dont on peut faire un hydrogel biodégradable et biocompatible. De quoi susciter l’intérêt de la recherche biomédicale. L’ingénieure Sophie Lerouge en a fait son objet de recherche pour mettre au point des traitements contre le cancer et pour la régénération de tissus. P our traiter le mélanome, l’immuno-thérapie, notamment par transfertmatrice injectable qui les retienne près de latumeur. « Les lymphocytes croissent in vivo adoptif de cellules, a récemment soulevé dans cette sorte de maison injectée et ils en beaucoup d’espoir. Elle consiste à prélever à sortent progressivement pour attaquer la même la tumeur des lymphocytes déjà pro- tumeur », explique Sophie Lerouge. Mieux, le grammés pour attaquer les cellules cancé- gel est thermosensible : il est liquide à tem- reuses,à les multiplier in vitro et à en pérature ambiante et se gélifie à la tempéra- réinjecter des milliards au patient par voie ture du corps. Dans la pratique, précise sanguine. Le problème est que les lympho- Sophie Lerouge, « on a le chitosan et les cytes et les agents qui les activent se dis- agents gélifiants dans deux seringues diffé- persent dans tout le corps et provoquent des rentes. On mélange le contenu des seringues. effets secondaires, tout en réduisant leur Le gel reste une solution liquide à tempéra- efficacité. L’injection directement dans la ture ambiante. On ajoute les lymphocytes et tumeur n’est pas une solution non plus, car ensuite on injecte le gel encore liquide dans les cellules se dispersent et meurent rapide- le corps à l’aide d’une aiguille ou d’un cathé- ment dans les tissus environnants. D’où l’idée ter ». L’idée du gel thermosensible n’est pas d’utiliser un biogel de chitosan comme tout à fait nouvelle, mais l’ingénieure a eu • SEPTEMBRE-OCTOBRE 2018• 33