UNE MAÎTRISE EN ATTENDANT LE JUNIORAT Son diplôme brésilien étant reconnu au Qué- d’éventuelles fissures ou d’autres signes de bec, il lui faudra tout de même passer un dégradation qui pourraient présenter un examen pour accéder au juniorat. « J’ai risque pour l’ensemble de la structure. Si regardé ce qui était exigé pour l’examen, nécessaire, il recommande des travaux et évoque Fabio R. Melo. J’ai tout étudié par prépare les plans et devis de réparation qu’il moi-même et j’ai fait les exercices des exa- fait valider par un ingénieur, étant lui-même mens passés pour me préparer. L’appui de encore ingénieur jr. Mais plus pour long- ma famille a été fondamental au début. » temps, car il poursuit ses démarches pour Parallèlement, il passe les examens linguis- obtenir son permis et les choses s’accélèrent. tiques de français du gouvernement du Qué- « Normalement, il faut trois ans de juniorat, bec. Et en attendant d’être reçu au juniorat, mais l’Ordre a tenu compte de la maîtrise et il cherche du travail. Mais sans titre d’ingé- de mon expérience à l’étranger », signale nieur reconnu au Québec, les portes lui Fabio R. Melo. En mai 2017, le dénouement restent fermées. arrive enfin : il devient ingénieur. Il pourrait souffler,mais une petite épine persiste Alors, en 2013, il entreprend une maîtrise encore qui le conduit à quitter Ingétec pour à l’Université Laval où, sous la direction intégrer Pyrotech BEI en janvier 2018. « J’avais besoin de plus de défis », confie-t-il. Pyrotech du professeur Marc Jolin, il étudie BEI est spécialisée en expertise légiste. l’influence des accélérateurs de prise sur la durabilité du béton projeté. « Quand il y a un accident ou un incident dans un « Normalement, la résistance mécanique du bâtiment, on fait appel à béton commence à augmenter après deux nous pour donner un avis ou trois heures, explique Fabio R. Melo. Avec les accélérateurs de prise, il commence à pré- sur la cause probable de senter de la résistance en moins de cinq l’accident », indique-t-il. minutes, ce qui donne parfois un béton ayant des caractéristiques indésirables. » Pendant ses études à l’Université Laval, il se forme en Il se rend alors sur les lieux, inspecte le bâti- outre à la recherche scientifique et déve- ment, analyse les plans et vérifie leur confor- loppe son réseau de contacts professionnels. mité avec les exigences du Code de Finalement, en 2015, tout s’enchaîne. Il construction du Québec pour déterminer devient ingénieur jr, procède au dépôt initial quelle défaillance est potentiellement à l’ori- de son mémoire de maîtrise, se met en quête gine de l’accident. Comme dans un travail d’un emploi. Il commence à travailler chez d’enquête, il doit collecter l’information, l’ana- Ingétec, une firme d’experts-conseils spécia- lyser, tirer des conclusions et produire un lisée en enveloppe du bâtiment, avant même rapport, mettant ainsi à profit des compé- d’avoir obtenu son diplôme de 2 cycle.e tences acquises au cours de sa formation de 2 cycle. À chaque enquête, une situatione UNE CARRIÈRE QUÉBÉCOISE complètement différente se présente et lui Fabio R. Melo réalise chez Ingétec des inspec- apporte un nouveau défi. Il peut enfin souf- tions de façade de bâtiments et de station- fler. « Je suis exactement là où je veux être », nements multi-étagés pour détecter se réjouit Fabio R. Melo. t • JANVIER-FÉVRIER 2019• 51