#2 Dossier. ALUMINIUM DUNKERQUE : BIEN PRÉPARÉE, L’USINE NE S’EST JAMAIS ARRÊTÉE CLASSÉ SEVESO, ALUMINIUM DUNKERQUE EST UN SITE INDUSTRIEL QUI POSSÈDE UNE FORTE CULTURE DU RISQUE. ÉTAIT-IL NÉANMOINS SUFFISAMMENT PRÉPARÉ POUR FAIRE FACE À CETTE CRISE SANS PRÉCÉDENT ? ENTRETIEN AVEC GUILLAUME DE GOŸS, SON DIRECTEUR GÉNÉRAL. Quelle a été votre réponse immédiate ressources humaines et finances. Ce au risque COVID-19 ? dispositif a concerné 65 personnes soit Mi-février,nous avions déjà eu vent de quasiment 100% de l’effectif « fonctions quelques cas de transmission en France. supports ». La grande majorité de ces Sans même attendre l’annonce des me- personnes étaient déjà équipées d’ordina- sures de confinement, nous avons décidé teurs portables, celles qui ne l’étaient pas de mettre à jour les plans de gestion de ont reçu le matériel nécessaire sous une crise que nous avions élaborés dans le semaine. cadre des crises H1N1 et grippe aviaire Dans une entreprise comme la nôtre qui de 2009 et 2011. Ainsi, nous étions pré- privilégie le présentiel, le télétravail n’était parés à faire face à une crise et cela sur pas d’usage. Les difficultés de commu- tous les plans : santé, communication, RH, nication et d’organisation rencontrées les opérationnel. Début mars, les premières premiers jours ont été rapidement réglées. mesures sur le site ont donc été principa- Chaque manager d’équipe s’est assuré lement sanitaires : distanciation, désinfec- d’organiser le mieux possible le travail des tion systématique des vestiaires, etc. équipes en tenant compte des contraintes Le 18 mars, au lendemain de l’annonce des uns et des autres. Il n’y a pas eu une du confinement généralisé, nous avons seule et unique règle mise en place pour constaté un pic d’absentéisme auquel toute le monde : certains ont choisi de tra- nous nous attendions : 90 salariés sur les vailler uniquement à la maison, d’autres 600 que compte le site ne sont pas venus ont alterné entre télétravail et présence à Guillaume De Goÿs travailler, principalement pour des raisons l’usine. Le travail s’est organisé en toute de protection. Parmi eux, huit présentaient souplesse, dans un esprit positif et dans des symptômes du coronavirus. Au final, la confiance. deux personnes ont été testées positives sur l’ensemble de notre effectif. Immé- Êtes-vous en mesure aujourd’hui diatement, nous avons mis en application d’évaluer les conséquences de cette les mesures d’urgence que nous avions crise sanitaire sur l’équilibre économique prévues : en trois jours, nous avons dimi- et financier de l’entreprise ? nué notre production de 15% en arrêtant Nous n’avons pas encore le recul suffi- 18 cuves sur les 264 que compte la série sant. Toutefois, certains indicateurs nous d’électrolyses et en diminuant l’ampérage font craindre une perte sensible de notre de la série. Ces mesures nous ont per- chiffre d’affaires.Notre principal indica- mis de continuer à faire tourner l’usine en teur est le prix de l’aluminium, coté au toute sécurité et avec le niveau d’absen- London Metal Exchange (LME) à Londres. téisme significatif que nous avions à ce En deux mois, ce dernier est passé de 1 moment-là. À aucun moment, il n’y a eu 700 à 1 450 dollars par tonne. Ce recul oc- un arrêt de l’activité ni un recours au chô- casionne une baisse immédiate de notre mage partiel. chiffre d’affaires.L’aluminium que nous vendons directement à nos clients s’ac- Comment avez-vous organisé le travail compagne par ailleurs d’une prime produit à distance pour les fonctions qui le qui est au-dessus du prix du LME. Pre- permettaient ? mière conséquence de la baisse du niveau Dès l’annonce du confinement, nous de commandes de nos clients : au mois de avons instauré le télétravail pour toutes juin, 40% de nos produits ont été vendus les fonctions dites « supports » : achats, au strict prix du marché. commerce, communication/marketing, Enfin, un surcoût d’1 million d’euros est 14 InfluxI NEITERTNE’L