Synthèse Exceptionnelle a plus d’un titre, l’année 2024 a vu s’engager un mouvement de concentration sans précédent dans la distribution française. Elle a vu également se matérialiser les effets conjugués de la vague d’inflation de 2023, de la montée de la digitalisation et des effets post Descrozaille. Ce qui redonne du sens aux stratégies d’image. Performances : les mouvements de 2024* L’inflation a permis à E.Leclerc de tirer cette année encore son épingle du jeu et d’accélérer ses prises de position. Le groupement atteint 24 % de part de marché (PDM) valeur grâce à des clients qui ont toujours une excellente perception de l’enseigne (n°1 en cote d’amour, n°2 en image prix). De son côté, Le Groupement Les Mousquetaires, qui se partage le rachat des magasins Casino Hyper et Super avec Auchan Retail, accélère également et gagne 0,7 point de PDM à 16,7 %. Ce dynamisme, porté par l’apport de Casino (1 million d’acheteurs supplémentaires), s’explique aussi par les bonnes performances commerciales du parc historique. La Coopérative U progresse régulièrement également, atteignant 12 % de PDM avec une meilleure fidélisation des clients et une augmentation du nombre de foyers clients. De son côté, Carrefour enregistre une légère érosion de sa PDM (- 0,2 point à 19,7 %) principalement due à ses hypermarchés. Mais les baisses de prix récentes et l'intégration des enseignes Cora et Supermarché Match stabilisent toutefois ses performances. Auchan recule de 0,1 point à 8,6 % de PDM, mais l'acquisition de magasins Casino dynamise ses résultats au dernier trimestre (+ 0,4 point). Le Groupe Casino, recentré sur des enseignes de proximité, cède 0,2 point de PDM à 3,2 %, avec des baisses pour Monoprix et la proximité Casino, malgré une légère compensation par Franprix. Les EDMP Lidl et Aldi ont perdu 0,1 point de PDM chacune, mais Lidl montre des signes de reprise avec un gain de 0,2 point au dernier trimestre. Ces dynamiques montrent une intensification de la concurrence derrière E.Leclerc, avec des acquisitions jouant un rôle plus ou moins important dans les performances des différents groupes. * CAM P8 2024 E.Leclerc devrait poursuivre son ascension. Les mesures de Kantar montrent que l’ascension de E.Leclerc devrait se poursuivre pour au moins 3 raisons : tant que les Français seront attentifs au prix, le contexte restera propice aux enseignes comme E.Leclerc, qui induisent une perception positive sur le thème du pouvoir d’achat. L’enseigne conserve ensuite un fort potentiel en termes d’accessibilité en développant ses circuits alternatifs (E.Leclerc Drive, E.Leclerc Relais, E.Leclerc Chez Moi…) pour séduire les 4 millions de clients qui n’ont pas accès à ses magasins. E.Leclerc possède enfin un niveau de fidélité en hausse chez ses clients réguliers (+ 1,6 point, ce qui contribue à 90 % de la croissance 2024). Nos analyses montrent que E.Leclerc peut encore améliorer la fidélité de ses clients. Image et croissance : une relation intime Une étude de Kantar montre par ailleurs que l’image reste un puissant accélérateur de croissance. Calculé sur la base de trois items d’image Prométhée (l’intention de fréquentation, la recommandation et la considération), le score de prédisposition traduit la capacité de donner envie de fréquenter une enseigne ou à s’engager pour elle. L’étude menée par Kantar montre que le gain (ou le recul) moyen d’un point sur le score de prédisposition d’une enseigne contribue statistiquement au gain (ou au recul) de 0,7 point de PDM valeur. L’analyse du score de E.Leclerc, dont la croissance de PDM valeur est constante sur les dix dernières périodes de 2023, montre une corrélation évidente entre ses performances et la prédisposition de ses shoppers. Sur un autre plan, la mesure de la performance appréhendée sous l’angle de l’accessibilité donne des enseignes régionales un tout autre point de vue. SM Match par exemple, ne capte que 3,2 % des Français au niveau national mais 35 % si l’on se concentre sur ceux qui ont accès à ses magasins (pénétration chez les clients accessibles). Concentrations. Quels impacts surla distribution française ? C’est l’autre temps fort de l’année 2024 : plus de 5,5 % de parts de marché ont – où vont – changer de main au cours des prochains mois. Kantar dresse un premier bilan de ces mouvements, en projetant une structure de marché possible en 2025 : elle confirme un bond possiblement sensible pour Carrefour et pour le Groupement Les Mousquetaires, mais au prix d’investissements importants. Reste enfin à mesurer la portée régionale de ces rachats : prendre possession des magasins ne signifie pas racheter les clients ! Le ratio entre les surfaces des magasins rachetés et le ratio de PDM valeur apporté par magasin est intéressant à mesurer : un supermarché Intermarché « apporte » en moyenne 126 % de plus de PDM qu’un supermarché Casino quand un magasin Intermarché n’est que 15 % plus grand qu’un Casino Supermarché en moyenne. Idem pour la perception client : l’image prix de Casino #hyperFrais est inférieur de 4 rangs à celle de Auchan. L’essai reste à transformer ! Spécialistes et solderies ontle vent en poupe Fréquentés par plus de 8 foyers sur 10, les spécialistes (grandes surfaces de frais, freezer centers, solderies…) pèsent aujourd’hui près de 20 % des transactions sur les produits de grande consommation et de frais traditionnel. Le succès des solderies ne se dément pas, sur la base d’un profil de clientèle résolument jeune et familial et où près d’une transaction PGC-FLS sur quatre est réalisée par un ménage modeste. Incontournable sur le non-alimentaire, ce circuit, dont l’attractivité a bondi de plus de 60 % en quatre ans, reste toutefois soutenu par le fort accroissement des parcs de magasins qui le constitue. Acteur majeur avec 800 points de vente et portée par une stratégie de proximité, Action s’impose : plus d’un quart des Français ont déjà acheté des PGC dans un magasin de l’enseigne. Sur Internet, les sites comme Aliexpress, Alibaba, Shein et Temu, gagnent également en popularité : capables de se développer très rapidement, ils représentent 5,2 % des commandes (+ 3,5 points depuis 2020) et attirent 16,5 % des Français (+ 5,2 millions de clients vs 2020). Lidl, de son côté, avance vite également sur le Web puisque plus de 7 % des Français ont déjà acheté du non-alimentaire chez Lidl.fr. English version English version