Michel BATAILLE (1926-2008)et les siens Soigneusement conservé par leurs descendants, l’ensemble de manuscrits autographes, qu’il s’agisse de romans et de poèmes, parfois inédits, de lettres et de documents que nous présentons ici, est en tous points exceptionnel. De Michel, nous découvrons les manuscrits définitifs de ses romans Patrick (Prix Stendhal en 1947) et Le Feu du Ciel, avec leurs ratures et leurs corrections, deux versions de Cinq jours d’automne, les premiers jets de La Ville des Fous, de L’Arbre de Noël, les brouillons de divers romans (Une colère blanche- Prix des Quatre-Jurys en 1969, Le Chat sauvage, Les jours meil- leurs, Soleilsecret et d’autres encore) mais aussi le manuscrit complet de son roman Une pyramide sur la merdédié à son oncle Georges Bataille, paru en 1965 et qui reçut le prix des Deux-Magots en 1966. Les notes et documents de recherche qui accompagnent chaque manuscrit nous plongent dans la genèse intrinsèque des romans et poèmes de l’auteur. Quelques lettres que lui adressa Le Corbusier (1887-1965) dans les années 1950 / 1960 concernent principalement un projet Michel BATAILLE est un écrivain français né le 26 mars 1926. de convention avec la SNIB (Société Nouvelle de l’Industrie du Etudiant aux Beaux-Arts, il est architecte diplômé. Formé Bâtiment) et sont complétées par divers documents dont des par Le Corbusier, il est associé à Jean Prouvé. Il sera administra- témoignages d’habitants de la Cité Radieuse de Marseille. teur de la Fondation Le Corbusier. Grâce à l’intéressante correspondance de Jean Prouvé (1901- 1984), de 1953 à 1984, nous découvrons les convictions archi- tecturales de l’ancien associé de Michel Bataille, sa perplexité et Pendant ses études d’architecture, il écrit son premier roman Patrick, qui parait sa colère face aux décisions des «Autorités» devant les privilèges en 1947. L’ouvrage obtient le Prix Stendhal qui comprenait dans son Jury Jean accordés à certains confrères. Cocteau, Léon-Paul Fargue et Julien Green. Avec le montant de sa récompense, le jeune étudiant en architecture voyage, en Egypte, en Afrique… Un deuxième Neuf lettres de Charles de Gaulle envoyées à Michel Bataille livre, en 1951, La Marche au soleil, naîtra de ce périple. de 1963 à 1970 évoquent avec sensibilité combien le Général appréciait les œuvres littéraires de son correspondant mais aussi Treize ans plus tard, il abandonne définitivement son métier d'architecte et se ses réflexions sur l’urbanisme français à la fin des années 1960. consacre à l'écriture. Il publie des romans dont Une pyramide sur la mer en 1965, Prix des Deux Magots. Une volumineuse correspondance d’amis, d’hommes et de L'année suivante, La Ville des fous appuie son intrigue sur les problèmes femmes politiques (dont François Mitterrand) complètent cet d'urbanisme et sur le métier d'architecte. ensemble d’autographes. Neveu de Georges Bataille, il publie une biographie de Gilles de Rais inspiré des Ecrites de 1914 à 1916, des lettres de Georges Bataille (alors qu’il minutes du procès du criminel publiées par son oncle en 1959. n’a pas encore vingt ans) adressées à son cousin Victor et à son En 1967, il est ex-aequo aux 2e et 3e tours du Prix Goncourt et obtient la frère aîné Martial, tous deux mobilisés, sont proposées en plusieurs plume d'or du Figaro littéraire avec L'arbre de Noël qui sera adapté au cinéma lots et nous plongent brutalement dans les premières années de la par Terence Young en 1969. En 1970, Le cri dans le mur sera récompensé par guerre. Georges est lui-même brièvement mobilisé en 1916 - puis le prix Jean Cocteau, et en 1974 Les jours meilleurs obtiendra le prix Maison réformé en 1917 pour raisons de santé - et se confie longuement à de la Presse. sa mère pendant sa convalescence. De cette époque date un précieux manuscrit d’un de ses tout Romancier populaire et homme de conviction, Michel Bataille fut aussi poète et his- premiers textes littéraires, le récit de l’agonie d’un roi. Il est torien : en 1977, François Mitterrand préfaçait son Demain Jaurès. Il avait signé, accompagné d’une lettre dédicace à Léon Bloy écrite «du poste en 1974, un essai virulent, Sans toit ni loi, dans lequel il dénonçait l'incohérence de de garde de la prison de Saint-Brieuc». la politique d'urbanisme à Paris, la spéculation galopante et la laideur de certaines Des nombreuses lettres à ses cousins et cousines complètent 12 réalisations. cette correspondance familiale.