1. « La forme d’une ville Change plus vite, hélas ! que le cœur d’un mortel » Charles Baudelaire Les Fleurs du mal, 1857 Durant des siècles, nos villes et nos villages n’ont cessé de se métamorphoser. Des bourgs médiévaux aux immeubles haussmanniens, leur histoire garde la trace de l’action successive des femmes et des hommes qui les ont bâtis et habités, dans un contexte où l’énergie et la matière étaient rares. Toutefois, cette fabrique du territoire par strates a été profondément bouleversée au cours du XX e siècle. L’émergence de la société de consommation, la démo- cratisation de la voiture individuelle et la mise en œuvre de nouvelles techniques constructives ont encouragé l’expansion de nos villes bien au-delà de leurs limites origi- nelles. De nouvelles formes et pratiques urbaines sont nées de cet étalement, abritant dans des espaces souvent dis- tincts les logements, les commerces et les activités jusqu’alors rassemblés au sein des centres anciens. L’étalement urbain et les modes de vie qui y sont asso- ciés – s’ils ont été valorisés par les pouvoirs politiques et plébiscités par les habitants – sont aujourd’hui plus que jamais questionnés au regard des conséquences écolo- giques et socio-économiques qu’ils ont engendrées. C’est l’occasion d’inventer ou de revisiter des modèles d’aménagement plus sobres, permettant de bien vivre, en cohabitation avec le vivant.