Les acquisitions de l’année Christ crucifié de Giovanni Pisano (Cl. 23976) en ivoire d’éléphant sculpté avec des traces de dorures (20,5 x 6,3 cm), réalisé vers 1270-1280. Il s’agit de la première sculpture de ce maître toscan du XIIIe siècle à entrer dans les collections nationales françaises. La précieuse statuette d’ivoire de 20,5 cm de haut et 6,3 cm de large représente le Christ agonisant sur la croix (aujourd’hui disparue), les yeux encore ouverts sous des arcades sourcilières contractées par la souffrance. Son expression douloureuse est accentuée par la bouche entrouverte qui laisse voir les incisives supérieures. Dans une attitude de résignation et d’abandon, sa tête est inclinée sur son épaule droite. La puissance d’expression du visage, la délicatesse du rendu anatomique et le traitement virtuose de l’ivoire : toutes ces qualités invitent à voir dans l’auteur de cette œuvre un sculpteur de premier plan, très au fait des recherches plastiques et esthétiques de son temps. Œuvre reconnue d’intérêt patrimonial majeur, cette précieuse statuette, d’une valeur de 2 450 000 €, est officiellement entrée dans les collections du musée le 20 janvier 2023. 1 Plaque centrale de triptyque : Vierge couronnée par un ange et l’Enfant (Vierge glorieuse ?) (Cl. 23977) en ivoire d’éléphant avec des traces de rehauts de dorure (20,2 x 7,6 x 2 cm), réalisée à Paris dans le deuxième quart du XIVe siècle. Cette plaque constituait la partie centrale d’un triptyque dont les volets ont disparu. La Vierge est particulièrement impressionnante et frappe par l’autorité de sa pose autant que par sa puissance plastique. La collection du musée de Cluny est riche dans le domaine des ivoires du XIVe siècle, néanmoins l’acquisition de cette plaque comble une lacune importante en y ajoutant la partie principale d’un type, celui du retable-tabernacle réduit en triptyque sommé d’un gable ; d’autant que cette pièce possède un historique prestigieux, et qu’elle atteint un sommet dans la qualité plastique. Acquisition par achat en vente publique. 8 Relief de retable figurant la Vierge de nativité (Cl. 23978), entourage de Jean de Liège (?), en marbre blanc, réalisé à Paris en 1370-1380. Ce relief d’applique au revers plat, centré sur la Mère et le lit où elle repose, devait être juxtaposé ou superposé à un ou plusieurs autres reliefs indépendants, aujourd’hui disparus, au sein d’une scène de la Nativité. Cette pièce vient non seulement étoffer la collection de reliefs de retable en marbre du musée de Cluny, mais aussi s’associer à la Présentation au Temple, chef-d’œuvre de la sculpture du musée, ces deux éléments ayant probablement appartenu au même retable démembré. Acquisition par achat. 7 Feuillet enluminé d’un psautier représentant des scènes de l’Enfance du Christ (Cl. 23982) réalisé dans les années 1340. Il appartenait à un ouvrage dont la nature reste encore mystérieuse, mais dont de nombreuses feuilles enluminées sont aujourd’hui dispersées à travers plusieurs institutions patrimoniales internationales. Toutes ces enluminures, ainsi que le présent feuillet acquis par le musée de Cluny attestent la connaissance du décor sculpté de la clôture de chœur de la cathédrale Notre-Dame de Paris (première moitié du XIVe siècle) et du jubé du XIIIe siècle tout récemment mis au jour. L’étude de ce feuillet offre donc d’intéressantes perspectives sur la réception du décor intérieur sculpté de la cathédrale. Il sera à ce titre présenté dans l’exposition Faire parler les pierres que le musée de Cluny organisera en novembre prochain, aux côtés d’éléments du jubé et de la clôture de chœur de Notre-Dame de Paris. Le feuillet a pu être acquis grâce au soutien de Sophie et Emmanuel Boussard, généreux mécènes. 6 Chapiteau d’angle à décor de végétaux (Cl. 23980), en calcaire (43 x 37,3 x 34,5 cm), réalisé dans le 4e quart du XIe siècle dans le Rouergue. Typologiquement similaire à un chapiteau de la collection d’Éliane Vergnolle, qui en avait fait don au musée (Cl. 23962), celui-ci avait été donné à son ami Jean Cabanot, grand historien de l’architecture et de la sculpture romanes. À sa mort, madame Claire Desqueyroux, qui en a hérité, a fait don généreusement au musée de ce chapiteau, permettant ainsi de réunir ces deux pièces qui ont probablement coexisté dans un édifice religieux de l’Aveyron. 5 Panneau brodé figurant un ange porte-armoiries (Cl. 23981), en toile de lin, broderie de soies polychromes et de filés or et argent, réalisé en 1849 ou vers 1860-1870. Ce panneau représente un ange portant des armoiries, entouré d’un ours et d’un griffon. De très belle qualité, il combine plusieurs techniques de broderie : couchure, points fendu et passé empiétant ; les filés or en couchure du fond sont fixés par des points de soie rouge formant des losanges. Une étiquette au revers indique : « From a Chasuble / in the possession of / Rev W. Moore DD / Spalding : 1849 ». Cette broderie reproduit chacun des bras de la croix d’une chasuble exécutée vers 1434-1446, qui porte les armes d’Henry de Beauchamp, comte de Warwick, et de sa femme Cecily Neville. Sans doute en possession de William Moore au milieu du XIXe siècle, elle entra, après être passée par d’autres mains, au Victoria and Albert Museum en 1907 (inv. 402-1907). Il semble que le révérend Moore ait désiré faire réaliser une copie des anges (en 1849 ou après ?) avant de vendre la chasuble. Dans un contexte de renouveau des arts précieux, la broderie fut sans doute exécutée dans un atelier anglais de broderie religieuse, à Londres ou à Birmingham. Acquisition par don de madame Agnès Fruman. 4 Camée figurant une Vierge de douleur (Cl. 23979), en agate et or, réalisé en Provence (?) vers 1450-1460. Ce médaillon est composé d’un camée (pierre précieuse sculptée en relief) entouré d’une monture en or. Le camée représente une Vierge en buste, la tête couverte d’un voile décoré d’une étoile, un grain de beauté sur la joue gauche. Elle est probablement inspirée d’une icône byzantine. Elle est proche de l’enluminure de la Vierge au voile bleu peinte par Barthélémy d’Eyck dans les Heures de René d’Anjou. Ce camée est probablement une commande de René d’Anjou, grand amateur de glyptique. Acquisition par achat. 3 Baiser de paix figurant l’Adoration des Mages (Cl. 23983), émail peint sur cuivre, réalisé à Limoges au début du XVIe siècle, atelier de Nardon Pénicaud ? Ce baiser de paix de très belle qualité se compose d’une plaque cintrée figurant l’Adoration des Mages insérée dans un cadre architecturé. Au revers, une poignée permet de le tenir. Un baiser de paix est un objet de dévotion, généralement en métal, comportant une représentation religieuse que les fidèles et parfois le célébrant embrassent en signe de paix et de réconciliation. Celui- ci appartient à la première génération d’émaux peints limousins (vers 1470-vers 1520), mais il n’est probablement pas issu de l’atelier de Nardon Pénicaud, comme l’indiquait la notice du catalogue de vente. Le style des personnages et les traits des visages le rapprochent plutôt du maître aux grands fronts ou du maître du triptyque de Louis XII. Don de la Société des Amis du musée. 2 Christ crucifié de Giovanni Pisano (Cl. 23976) en ivoire d’éléphant sculpté avec des traces de dorures (20,5 x 6,3 cm), réalisé vers 1270-1280. Il s’agit de la première sculpture de ce maître toscan du XIIIe siècle à entrer dans les collections nationales françaises. La précieuse statuette d’ivoire de 20,5 cm de haut et 6,3 cm de large représente le Christ agonisant sur la croix (aujourd’hui disparue), les yeux encore ouverts sous des arcades sourcilières contractées par la souffrance. Son expression douloureuse est accentuée par la bouche entrouverte qui laisse voir les incisives supérieures. Dans une attitude de résignation et d’abandon, sa tête est inclinée sur son épaule droite. La puissance d’expression du visage, la délicatesse du rendu anatomique et le traitement virtuose de l’ivoire : toutes ces qualités invitent à voir dans l’auteur de cette œuvre un sculpteur de premier plan, très au fait des recherches plastiques et esthétiques de son temps. Œuvre reconnue d’intérêt patrimonial majeur, cette précieuse statuette, d’une valeur de 2 450 000 €, est officiellement entrée dans les collections du musée le 20 janvier 2023. 1 Christ crucifié de Giovanni Pisano (Cl. 23976) en ivoire d’éléphant sculpté avec des traces de dorures (20,5 x 6,3 cm), réalisé vers 1270-1280. Il s’agit de la première sculpture de ce maître toscan du XIIIe siècle à entrer dans les collections nationales françaises. La précieuse statuette d’ivoire de 20,5 cm de haut et 6,3 cm de large représente le Christ agonisant sur la croix (aujourd’hui disparue), les yeux encore ouverts sous des arcades sourcilières contractées par la souffrance. Son expression douloureuse est accentuée par la bouche entrouverte qui laisse voir les incisives supérieures. Dans une attitude de résignation et d’abandon, sa tête est inclinée sur son épaule droite. La puissance d’expression du visage, la délicatesse du rendu anatomique et le traitement virtuose de l’ivoire : toutes ces qualités invitent à voir dans l’auteur de cette œuvre un sculpteur de premier plan, très au fait des recherches plastiques et esthétiques de son temps. Œuvre reconnue d’intérêt patrimonial majeur, cette précieuse statuette, d’une valeur de 2 450 000 €, est officiellement entrée dans les collections du musée le 20 janvier 2023. 1