MON PARCOURS DANS LA VILLE DE LISIEUX Un des objectifs du grand chantier en préparation sera de relier ce secteur à la ville basse. En matière d’urbanisme, l’enjeu est souvent de pratiquer des sutures, au propre comme au figuré. Cette image appelle tout un lexique d’ordre médical, qui assimile la cité à un grand corps et les interventions des aménageurs, aux opérations du médecin traitant un patient. Ce peut être, d’ailleurs, une médecine de spécialité : la phlébologie, étude des maladies des veines, s’il est question de fluidifier les transports ou de résoudre des congestions urbaines ; la rhumatologie, s’ils’agit de bâtir solidement le squelette de la cité. Dans le cas du plateau Saint-Jacques, les urbanistes imaginent un genre de prothèse — un escalier monumental,visible depuis la gare, ponctué de belvédères qui donneront à voir « le grand territoire » en contrebas : la basilique, le centre-ville, les coteaux bocagers, la confluence de la Touque et de l’Orbiquet. Sur ce grand territoire, justement, j’ai piqué des repères qui vont guider nos marches de l’après-midi. Lisieux avait de quoi nous occuper jusqu’au soir, mais l’idée d’élargir le circuit m’a séduit. En ville, ilest simple de repérer les quartiers qui vont bien et ceux qui vont mal. On n’a qu’à juger l’état des commerces, la tenue des bâtiments, le niveau dans les rues du trafic piéton ou automobile. C’est une autre affaire à la campagne, où les mêmes signes sont diffus. Les percevoir requiert une observation plus longue, et de plus près : des conditions ménagées seulement par la marche. Pourquoi mon choix s’est-il porté sur telle église, sur tel village, à l’exclusion parfois de sites plus renommés, je l’ignore. 21 CARNETS DE MARCHE . LISIEUX - PAYS D’AUGE