MON PARCOURS DANS LE LIVAROT De Livarot, avouons-le, je ne connais pas grand-chose. Mon palais se rappelle de bons morceaux du fromage éponyme, et j’ai fait quelques lectures avant de venir. Mais c’est tout différent de parcourir une documentation et d’être sur les lieux, attablé à la terrasse du Village, à tourner la cuillère dans un café déjà froid. Derrière la vitrine embuée se profilent, mouvantes et grises, les silhouettes des consommateurs. S’il fallait un baromètre fidèle de l’humeur d’un quartier, d’un village, ce serait bien sûr le café. Dans mon enfance les hameaux les plus humbles, privés de la moindre épicerie, avaient toujours leur café. Ce n’était pas un commerce mais une institution, quelque chose d’analogue à l’église et à la mairie. Précieuse trinité qui définissait les lieux et où se concentrait, peut-être, certaine identité française déjà évanescente. Arrivé quelque part, je jette toujours un œil aux cafés. Y a-t-ildu monde ? Y a-t-ildu bruit ? Le Village, en tout cas, ne manque pas d’animation. Des travailleurs fument sur le pas de la porte, en commentant le beau temps. Le ciel normand est bleu, c’est une chance — nous ne cesserons de le répéter, tout au long de la journée. Nous ? Aujourd’hui, une jeune stagiaire m’accompagne. Iris m’assistera dans l’exploration méthodique, et bohème à la fois, du pays de Livarot. CAFÉ-CAMPAGNE 7 CARNETS DE MARCHE . PAYS DE LIVAROT sirI©