RENCONTRE DE LA PEINTURE ET DE LA SCULPTURE : LE BUSTE DU PEINTRE HENRI NAZON PAR ANTOINE BOURDELLE « La tête de Nazon m’a toujours rappelé le buste d’Homère. le buste d’Andrieu, et à la sauvegarde les oeuvres de Bourdelle dans Crinière et barbe blanche, maigreur ascétique, démarche fatiguée, la ville de Montauban. 6 regard lointain et intérieur à la fois, il donne l’impression qu’il est le grand prêtre d’une foi profonde, d’une foi en une religion Il alerte par courrier, le 24 février 1924, le conservateur du connue de quelques autres hommes seulement. » C’est en 1893 Musée Ingres à Montauban, Monsieur Félix Bouisset, de l’extrême 1 que le peintre Henri Nazon accorde des séances de pose à son urgence de l’intervention du mouleur pour sauver ce « document ami Bourdelle pour l’exécution de son buste. La réalisation est de premier ordre » qu’est la terre cuite. Le 26 janvier 1926, une 2 7 marquée par l’influence de Rodin, dont Bourdelle vient d’intégrer lettre de remerciement de la veuve d’Henri Nazon est envoyée à l’atelier. Le sculpteur n’hésite pas à laisser les traces des outils et Bourdelle pour le remercier d’avoir effectué le bronze. La statue du de ses mains sur la terre cuite, pour donner vie à son modèle. Le peintre Henri Nazon, un bronze de 68 cm de hauteur, est présentée buste en terre cuite est présenté au Salon de la Société Nationale à l’Orangerie à Paris en 1931, puis elle est exposée à l’entrée du des Beaux-Arts en 1893. Musée Bourdelle. Elle fait partie en 1978 de l’exposition « Les Barbus » au musée Bourdelle. Le buste présenté à la vente, trônait dans le salon de la famille du peintre Henri Nazon jusqu’à présent. Seul et unique exemplaire en terre cuite connu du buste, il sera dispersé le 30 avril prochain, dernier souvenir de la synthèse des arts incarnée par Bourdelle et Nazon. Nous remercions Madame Boisserolles du centre de documentation du Musée Bourdelle pour sa contribution à la documentation de ce buste. Bibliographie : Ionel Jianou et Michel Dufet, Bourdelle, 3 édition, Paris, Ed. Arted, 1984, p.84 e Bourdelle, Monsieur Nazon, dessin à la plume et à l’encre noire, 1926, Musée Bourdelle La terre cuite ainsi achevée est conservée dans la famille de l’artiste, et c’est bien après la mort du peintre, que Bourdelle pense à faire son moulage en bronze en 1926. Le 16 janvier de la même année, il adresse à la veuve du peintre Henri Nazon, une lettre apportée par Monsieur Benedetti, mouleur, pour réaliser un bronze à partir du buste du peintre en terre cuite. Il donne auparavant à son ouvrier les précisions nécessaires au moulage. 3 Le sculpteur envisage de présenter le bronze au musée du Luxembourg, et sa lettre montre les sentiments qui le liaient au peintre Henri Nazon : « Ce n’est pas sans une émotion grande, Madame, que je vous écris et que je vous parle de votre cher mari. » 4 Bourdelle, Buste du peintre Henri Nazon, 1926, bronze, Musée Bourdelle La volonté de Bourdelle de voir enfin son oeuvre achevée tient aussi au fait qu’un jeune sculpteur montalbanais, Andrieu, a, quelques années auparavant en 1912, érigé, à la demande du comité Henri Nazon, une statue à la gloire du peintre dans le Jardin des Plantes de Montauban. Or la statue est très proche de la terre cuite réalisée par Bourdelle en 1893, ce qui scandalise au plus haut point le sculpteur : « le drôle d’artiste qu’est Andrieux a mis au jardin des plantes, un Nazon qui est la copie du mien ! » 5 Malgré cela, l’art de Bourdelle n’a pas son égal face à la postérité quand il est décidé par la préfecture du Tarn-et-Garonne, en 1942 « [d’enlever] en vue de la refonte, des statues et monuments métalliques ne présentant pas un intérêt artistique ou historique. » ; ce qui conduit à la fonte Lettre signée Bourdelle jointe au lot 38 20 / OSENAT /