Issu d’une famille protestante implantée depuis le XVI ème siècle Le dictionnaire général des artistes de l’Ecole frança ise donne la liste dans la région de Saint Affrique dans le Rouergue, François-Henri des oeuvres envoyées au Salon par Henri Nazon. Pas moins de Nazon naît à Réalmont, dans le Tarn, le 25 décembre 1821. Malgré quarante-cinq toiles sont présentées au public de 1848 à 1879. Le la volonté de ses parents de le voir devenir pasteur, il quitte ses rocher de Cay lus (1875) et Les bords de l’Aveyron (1874) sont exposés études de théologie à Montauban pour s’installer à Paris. Il y est à Munich en 1883 ; Soir d’au tom ne (1863) est exposé au Musée du formé à l’école des Beaux-Arts, dans l’atelier de Paul Delaroche, Luxembourg, Moulin sur le Tarn (1865) à Montauban, Les bords du Tarn puis dans celui de son successeur Charles Gleyre, à partir de 1843. aux environs de M ontauban, e ffe t de soleil levant en été (1864) à Limoges. Ses oeuvres passent en vente publique et connaissent le succès de C’est là qu’il se lie d’amitié avec Jean-Léon Gérôme. Peintre de son vivant : le 20 mars 1880, Maître Escribe vend à Drouot Marine genre et paysagiste, il donne à voir sa région natale, mais aussi (le s oir) et Marine (le matin) (v.1863), deux oeuvres qui se trouvent la forêt de Fontainebleau et la côte bretonne. Il est proche de aujou rd’hui dans les collections du musée Ingres à Montauban. l’école de Barbizon par ses tableaux L’été de la S aint Martin à Barbizon, Souvenir de Font aineble au, etc… Dans la salle à manger du père Ganne Il s’éloigne de Paris assailli par la guerre civile, en 1870, pour à Barbizon, on trouve dessiné sous la fenêtre, le portrait d’Henri rejoindre sa région natale à Montauban, où il installe son atelier, Nazon en saule pleureur. Porté par la recherche de nouveaux et s’établit définitivement. C’est aussi l’année de son mariage avec horizons de ses amis peintres, il part en Bretagne à Saint Malo, Mademoiselle Furne. Il produit énormément et expose à Paris après Cancale et Concarneau, où il peint des marines qui imprégneront la guerre, où il est comparé aux plus grands artistes de son temps. toute son oeuvre. C’est aussi un excellent chroniqueur qui rédige des feuilletons et des articles politiques, pour le journal Le Républicain, soulignant sa maîtrise de la poésie et de l’ironie. Mais confronté à une critique grandissante pour ses « décors en carton » et « lueurs jaunes et rouges [qui] donnent à chaque objet une apparence morte » selon les dires d’Emile Zola, Henri Nazon prend ses distances vis-à-4 vis de la peinture académique, à partir de 1876 où son envoi est refusé par le Salon. En 1877 il cesse son activité dans la capitale. Cette décision marque une rupture définitive dans sa carrière prometteuse de peintre. A Armand Bergis-Dounous qui lui demande au café des Mille Colonnes à Montauban, quel sera son prochain tableau, Henri Nazon rétorque en montrant le paysage qui l’entoure : « Eh ! Regardez-moi ça jeune homme ! Que voulez-vous que fiche Nazon sur un bout de toile, quand là-bas il y a tout ça ? » Il prétend être impuissant à reproduire la beauté de la nature, lui qui l’a pourtant magnifiée dans ses tableaux. Avant de mourir, Henri Nazon détruit une grande partie de ses oeuvres, celles qui nous restent ayant été acquises en ventes publiques, ou étant des esquisses et dessins préparatoires conservés par la famille de l’artiste jusqu’à présent, parmi lesquelles les Anonyme, Portrait des élèves de l’atelier Paul Delaroche, Petit Palais Musée des Beaux- oeuvres présentées à la vente le 30 avril prochain. Il meurt le 10 Arts de la ville de Paris, entre 1835 et 1843. mai 1902. En 1912, une statue en son honneur est érigée à Montauban. Elle Fervent admirateur de ses prédécesseurs, il sauve de la révolution est de la main du sculpteur montalbanais Lucien Andrieu, qui a de 1848 des chefs d’oeuvres que la foule aux Tuileries tentait de découvert le peintre en visitant le Musée Ingres. L’institution possède faire disparaître. C’est sous le Second Empire qu’il connaît son en effet huit toiles d’Henri Nazon, qui ne sont malheureusement 1 apogée en exposant au Salon, de 1848 à 1879, où il obtient plusieurs plus exposées aujourd’hui. Le souvenir du peintre s’est effacé médailles. Albert Wolff, critique d’art et journaliste au Figaro, le définitivement en 1942, quand le bronze a été dérobé et coulé par compare volontiers à son ami Corot ou au peintre Daubigny : « les Allemands pendant la Seconde Guerre Mondiale. C’est un homme encore jeune qui est, à mon avis, le lion de cette salle. […] M. Daubigny rend la nature, M. Nazon l’interprète ; le Armand Bergis-Dounous résume la diversité de l’oeuvre du peintre premier n’est, dans son verger, qu’un peintre, le second un artiste. Henri Nazon comme « la belle logique de cette évolution partie du […] les tableaux de M. Nazon sont à la fois la fête des yeux et de genre académique et normalement arrivée à l’impressionnisme en l’esprit. […] on entend battre le coeur de l’artiste.». passant par le romantisme. ». Quant à Gustave Doré, il lui rend 2 5 hommage en ces termes : Armand Bergis-Dounous, président du Comité Henri Nazon, décrit en ces termes le peintre, dans son discours d’inauguration « En attendant qu’on lui donne d’un monument érigé à sa gloire, le 13 octobre 1912 : « Nazon 3 La croix qui toujours viendra haut, long, mince comme l’un des peupliers de la rive, déjà un peu Il nazonne, il nazonne penché par l’âge, un feutre mou cabossé sur les cheveux et la barbe Un Nazon par-ci, par-là. » en broussaille, un nez allongé aiguisant le profil, une face creusée, ravinée, tourmentée comme celle d’un prophète classique ; des yeux Le 30 avril 2017 passeront en vente publique les dernières oeuvres profonds, comme enfouis sous le sourcil et l’arcade, d’où sortaient du peintre conservées dans sa descendance : quelques toiles, des à la fois tant de choses, des choses complexes et diverses : de la dessins et des esquisses, parmi lesquelles celle des Deux moulins flamme et de l’indolence, de la vision aigüe et du rêve flottant, de sur le Tarn, conservé au Musée Ingres à Montauban. Puissent ces la joie fine et de la mélancolie intense, de l’ironie et de la bonté… » souvenirs de la maison où vécut Henri Nazon, ressusciter sa mémoire injustement oubliée. Dimanche 30 Avril 2017 / OSENAT / 13