Tableau I: Bilan lésionnel et radiologique des patients. BLESSES LÉSIONS RADIOGRAPHIE B1 Traumatisme cheville droite. Fracture fermée comminutive du talus droite. B2 Traumatisme du pied gauche. Fracture fermée comminutive du talus gauche. B3 Fractures multiples Fracture-luxation ouverte talo-crurale droite. des 2 membres inférieurs. Fracture fermée du tiers inférieur du fémur droit. Fracture fermée du tiers moyen du fémur gauche. Fracture fermée bi malléolaire gauche. B4 Amputation traumatique Avulsion des 2 os de la jambe droite. au 1/3 inférieur de la jambe droite. Figure 5: Radiographie du pied montrant une fracture mécanisme de détonation est enclenché par la pré- du calcanéus droit. sence, la proximité ou le contact d’une personne (mine anti-personnel) ou d’un véhicule (mines anti-char, anti- véhicule, sous-marine…). Si les profils lésionnels des militaires et des civils sont semblables, les circonstances sont totalement diffé- rentes. En effet les impératifs opérationnels straté- giques imposent d’intervenir dans des zones à risque de mine terrestre de par l’ancienneté du conflit. Aussi, la mine est un moyen utilisé par des assaillants pour retar- der leurs poursuivants. Les choix stratégiques sont diffi- ciles entre la prudence garantissant la préservation des effectifs par la détection des mines; et l’engagement et la célérité de l’opération qu’imposent les conditions de combat. Par contre les victimes civiles le sont par méconnais- Figure 6: Nécrose du pied droit dans les suites sance du danger. La mine, de par son mécanisme de de la fracture-luxation ouverte talo-crurale. déclenchement, a la particularité de manquer de dis- cernement quant à la cible visée; les populations civiles demeurent alors vulnérables et victimes collatérales. Depuis 1982, la Casamance, région sud du Sénégal, est l’objet d’un conflit armé où l’usage de mine est source de perte d’effectifs et un fléau social1, 2 . La mine était le seul agent vulnérant le plus répertorié durant l’opération. Malgré une relative accalmie dans cette région, les blessés au cours de cette opération nous montrent à quel point l’ennemi peut être invisi- Il s’agissait au total de: ble, pérenne et foudroyant. En effet, ces mines devien- deux pieds de mine ouverts (un direct et une nent de plus en plus artisanales dans le cadre d’engins - « claque de pont »), catégorisés Type III C de Gustilo- explosifs improvisés (EEI). Dans les conflits dits asymé- Anderson; triques les engins explosifs improvisés de type « road- quatre pieds de mine fermés, « claque de pont » fer- side bomb » (bombe de bord de route) sont des moyens - més (fracture bi-malléolaire gauche,fracture talus de prédilection du fait de leur faible coût et leur faci- gauche, fracture du talus droit, fracture calcanéus lité d’emploi . Ainsi en 2010, parmi les militaires fran-5 droit) ; çais déployés en Afghanistan, 68 % des blessés étaient les lésions associées concernaient, pour les autres liés à des éclats provoqués par des EEIs11. Ces agents - blessés, les plaies des parties molles et des contusions. vulnérants utilisés par les belligérants contre les Plaies ayant nécessité parage, antibiothérapie et séro- groupes armés occasionnent des lésions multiples, com- vaccination antitétanique. plexes pouvant engager le pronostic vitaldu blessé dans l’immédiat. Plusieurs auteurs s’accordent à dire il DISCUSSION y a eu une tendance généralisée vers un pourcentage plus élevé de blessés par explosions que par balles. 1. Profil lésionnel Dans l’étude de Owens BD et coll. publié en 200812 et traitant des blessés au combat en Irak et en 1.1 le contexte Afghanistan, il apparaissait que 78 % des blessures sur- VOL. Par mine, on entend un engin explosif conçu pour être venaient lors d’une explosion.Belmont note sur une 94/3 placé sous, sur le sol ou une autre surface, et dont le série de 360 blessés d’Afghanistan 87,4 % de lésions International Review of the Armed Forces Medical Services 74 Revue Internationale des Services de Santé des Forces Armées