Il est enfin à noter que malgré une variabilité interin- d’autre diagnostic et dans le cas d’un examen neuro- dividuelle quant à l’altitude de survenue, le délai d’ap- logique normal et d’une douleur superposable aux parition ou le type de symptômes, ces derniers restent sutures .13 reproductibles pour chaque personne. Il apparaît donc primordial pour chacun de pouvoir auto diagnostiquer - Les symptômes cutanés ou puces, 10 à 15 % des cas rapidement la survenue de ses symptômes d’hypoxie observés, s’expriment par des sensations de prurit, afin de mettre en œuvre au plus vite les mesures de fourmillements, paresthésies voire urticaire. Moins sauvegarde. fréquents, l’apparition de plages cyanotiques et d’emphysème sous cutané peuvent traduire une L’étude de la tolérance sur de larges populations a per- importante embolisation pulmonaire tissulaire. mis de définir des valeurs limites compatibles avec le maintien de performances acceptables (figure 4). Au- - Des rares cas d'aéro arthroses non douloureuses, delà du FL 115, les mécanismes de compensation naturel principalement des genoux et des gaines tendineuses ne sont plus suffisants pour permettre une oxygénation digitales, avec crépitements à la mobilisation.14 optimale et totalement compensée. Des symptômes, plus graves etplus rares, ou dits de Figure 4. type 2, peuvent survenir de manière immédiate ou différés de plusieurs heures .15 - Les symptômes neurologiques, les plus fréquents des formes graves (5 % des cas), peuvent s’exprimer sous la forme la plus variée: céphalées, cochléo vesti- bulaire16, oculaire, médullaire et système nerveux central et périphérique. - Les formes pulmonaires (chokes,pneumatose de décompression), environ 3 % des cas, témoignent de l’af- flux massif de bulles aux poumons17, 18. Les symptômes sont une douleur thoracique rétrosternale, une toux paroxystique dite de Behnke et une dyspnée, parfois accompagnée d’un collapsus et de cyanose. L’association complète des symptômes est peu fréquente (10 %). L'incidence et la sévérité des symptômes augmentent au-delà du FL 150 et sont 6 fois plus élevées au FL 250 Dans le cas des formes différées, parfois jusqu’à 24-48h qu’au FL 200.8 et souvent précédées d’arthralgies,le diagnostic de pathologies liées à l’altitude est rendu plus complexe, 5°) Accidents de désaturation (ADD) liés à l’altitude. et le risque de confusion avec des pathologies aux étio- logies différentes (ex: AVC, choc autre) plus grand. Lié à la baisse de la pression partielle en azote, le phéno- Cela peut ainsi retarder la thérapeutique spécifique. mène bullaire, quelle qu’en soit la catégorie (VGE et/ou Aussi, tout symptôme survenant dans les 24h voire 48h AGE), constitue les prémices des ADD liés à l’altitude et suivant une exposition à la très haute altitude doit être peut être à l’origine de symptômes variés.9 considéré comme un accident de décompression jusqu’à preuve du contraire19. Ainsi, si la détection acoustique par écho-doppler de bulles circulantes semble numériquement corrélée à L’incidence des ADD reste faible.Plusieurs études au l’apparition et la gravité des symptômes, certaines sein de l’US Navy et de l’US Air Force rapportent une bulles restent silencieuses. Les symptômes apparaissent incidence d’environ 8 % des incidents, contre 20 % au-delà d’un nombre important de bulles. La taille des pour l’hypoxie, pour un taux d’incidents totaux compris bulles, augmentant également leur expression clinique, entre 0 et 20 incidents par million d’heures de vol, est également liée à l’altitude. selon l’aéronef. En caisson hypobare, l’incidence de20 survenue des ADD est d’environ 0,06 % des expositions Cependant, le phénomène bullaire est aléatoire et ne à l’hypobarie jusqu’au FL 25020, 21. conduit pas forcément à un ADD.10 Les facteurs de risque des ADD sont14 : Différentes catégorisations des symptômes existent. Les - L’altitude avec un risque objectif (présences de symptômes bénins, ou dits de type 1 représentent entre bulles) dès 4000 m et un risque clinique (symptômes) 60 et 80 % des cas11 : dès 5500 m. - Les douleurs articulaires ou bends, 80 à 90 % des - La durée d’exposition. types 1, touchent préférentiellement genoux et - La vitesse d’ascension avec un risque objectif dès membres supérieurs. Les articulations sont sensibles à 0,4 m/s et un risque clinique dès 1 m/s. Les ascensions la palpation et peuvent présenter un œdème.12 classiques des altitudes cabines des vols civils sont VOL. Les céphalées pourraient également être considérées habituellement inférieures à 2,5 m/s (500 ft/min). 94/3 comme des bends des sutures crâniennes, en l’absence La répétition des expositions .22 - International Review of the Armed Forces Medical Services 52 Revue Internationale des Services de Santé des Forces Armées