Image 3: Parachute à ouverture automatique déployé. © ETAP de 67,6%. De même, une étude sur des militaires anglais déployés en Irak23retrouvait une prévalence de rachial- gies deux fois plus importante, de l’ordre de 33,4%. Il faut néanmoins souligner que les données de la littéra- ture militaire sont peu nombreuses, et portent souvent sur des populations particulières, peu comparables à la nôtre. Cette différence pourrait s’expliquer par plusieurs facteurs. D’une part par une meilleure condition physique de ces militaires médicalement sélectionnés et qui bénéficient d’un entraînement physique exigeant et particulier. Des chiffres de rachialgies inférieurs sont ainsi également retrouvés chez les Rangers des Etats-Unis par rapport aux autres armées46 et des Marines par rapports aux autres services .47 Le saut opérationnel à grande ou très grande hauteur D’autre part, ce questionnaire a été remis avant le pas- (SOGH/SOTGH) (Image 5)16est un saut à plus haute alti- sage en visite d’aptitude annuelle ce qui a pu engen- tude qui s’effectue avec une voile rectangulaire dont le drer un biais de prévarication et une crainte d’avouer profil de vol est comparable aux voiles utilisées en pra- ces rachialgies avant de passer chez le médecin bien tique sportive civile avec un vecteur de déplacement que l’anonymat du questionnaire fût garanti. Les horizontal plus important (vitesse verticale de l’ordre répercussions d’une telle inaptitude peuvent en effet de 3,5 m/s soit 12,6 km/h). L’ouverture du parachute est impacter le militaire sur plan financier, opérationnel et commandée par le parachutiste, après une phase de d’évolution de carrière. chute libre plus ou moins longue (Saut à ouverture commandée retardée – SOCR). Il expose entre autre à Il est également à noter que le fait de ne pas déclarer des contraintes sur le rachis cervical17. Ce type de saut, plus technique, est utilisé par des équipes spécialisées avoir eu de rachialgie dans le questionnaire réduisait le moins nombreuses. Pour ceux qualifiés, un minimum de nombre de questions à remplir ce qui a pu influencer 12 sauts permet de reconduire l’ISA 1. certaines réponses. Ces deux activités peuvent s’effectuer de jour comme de L’absence dans notre étude des sujets déclarés « inaptes nuit, à l’entraînement comme en opération, avec matériel TAP définitifs » qui sont généralement mutés hors d’une (lequel est conditionné dans une gaine qui peut être indi- unité parachutiste a pu entraîner une sous-estimation viduelle ou collective), voire avec des passagers tandem de la prévalence des rachialgies, ces dernières étant un motif d’inaptitude définitive24après chronicisation. pour les SOGH/SOTGH. La masse totale équipé (poids de l’équipement et du Enfin une certaine fatalité vis-à-vis des rachialgies qui parachutiste) est limitée à 130 ou 165 kg pour le SOA et peuvent être perçues comme inhérentes à la pratique entre 160 et 250 kg pour le SOGH/SOTGH en fonction du parachutisme militaire pourrait participer à ce faible du type de parachute employé. taux. En outre, certains parachutistes militaires pratiquent Retentissement également du parachutisme dit « sportif » (par opposi- Dans notre étude, près d’un quart des parachutistes tion au parachutisme à finalité opérationnelle des mili- ayant déjà souffert de rachialgies ont bénéficié d’arrêts taires). Il s’agit d’un SOCR, pouvant être pratiqué en de travail (AT) pour ce motif, avec une moyenne de 29,2 séance militaire à visée d’entraînement ou en structure jours (médiane à 15 jours). civile comme activité de loisir ou de compétition. Il dif- fère du SOGH/SOTGH par l’absence de port de charge, Dans une étude portant sur les caractéristiques des AT l’utilisation de voiles plus petites, plus légères donc plus dans un régiment d’artillerie25, la durée moyenne tout dynamiques ainsi qu’un temps de chute libre souvent motif confondu (dont 13,6% de lombalgies) était plus plus important (Image 6). faible, de l’ordre de 18 jours (médiane à 10 jours). Prévalence En outre, la durée médiane d’inaptitude TAP du fait Nous retrouvons une prévalence des rachialgies de d’une rachialgies était de 3 mois (moyenne à 5,4 mois), 15,8% et une prévalence sur les 12 derniers mois de ce qui est globalement plus long comparé aux données 39,8%. Ces chiffres sont significativement plus faibles de la littérature concernant les inaptitudes après un que ceux de la littérature civile et militaire, française accident de parachute (SOA)19, 26, 27. comme étrangère7, 23. A titre de comparaison, dans une VOL. étude sur les rachialgies des personnels navigants sur On notera également que parmi les parachutistes qui 94/3 hélicoptères, la prévalence sur les 12 derniers mois était7 présentaient une rachialgie au moment de l’étude, International Review of the Armed Forces Medical Services 32 Revue Internationale des Services de Santé des Forces Armées