LES VENTES I PARIS De l’éthique à l’esthétique Conservée dans une collection parisienne, cette composition de Frans Krajcberg éclaire le travail de cet artiste. Né en Pologne en 1921, seul rescapé d’une famille exterminée durant l’Holo- causte, Frans Krajcberg part étudier les beaux-arts à Stuttgart avant de s’installer à Paris, où il est hébergé chez Marc Chagall sur les recommandations de Fernand Léger. Il y côtoie Jean Dubuffet, les Delaunay, Georges Braque, les frères Giaco- metti. De rencontres en hasards, il débarque à Rio de Janeiro en 1947. Il parta- gera désormais sa vie entre le Brésil et la France. Plasticien profondément engagé en faveur de la protection de la planète, il n’a de cesse de prendre fait et cause pour la forêt amazonienne, dans laquelle il vit, et d’alerter l’opinion publique à travers son œuvre. Travaillant le bois, la céramique, la photo et la peinture, ce militant écologiste avait lancé avec Pierre Restany le Manifeste du Río Negro en 1978 dénonçant les incendies qui ravageaient – déjà — ce poumon vert. Redon- nant vie aux éléments morts, il érige des troncs calcinés en totems, crée des Empreintes à partir de lianes, d’écorces et de feuilles, peint avec des pigments naturels, pour certains issus de roches du Minais Gerais. Notre composition fait partie d’une série de «Fleurs de bois» créées à Paris à la fin des années 1960, toutes peintes avec des pigments rouges du Brésil. Cueillies sur les branches d’un arbre endémique, ces excroissances ressemblant à des calebasses deviennent des corolles largement ouvertes sous la gouge et le ciseau à bois de l’artiste. Frans Krajcberg (1921-2017), Fleurs de bois, 1969, bois sculpté, pigments rouges, 52 x 40 x 18 cm. MARDI 8 JUIN, SALLE 6 – DROUOT-RICHELIEU. MIRABAUD - MERCIER OVV. Estimation : 40 000/60 000 € DANS L’INTIMITÉ DE ROBERT WLÉRICK Après quelques œuvres mises en vente en novembre dernier, plus de soixante dessins et sculptures sont présentés aujourd’hui. Confiées par la famille de Robert Wlérick, conservées dans son atelier par sa descendance, ou bien issues de divers amateurs, les œuvres ont des estimations variables. Si les dessins vont de 200 à 600 €, pour les terres cuites et les bronzes, on comptera 1 000 à 15 000 € environ. Né à Mont-de-Marsan dans une famille d’ébénistes et d’antiquaires, passé par les beaux-arts de Toulouse puis de Paris, où il se lie d’amitié avec Charles Despiau, Wlérick prend un atelier en 1912 et y sculpte La Petite Landaise, dont Rodin fait l’éloge au Salon de la Société nationale des beaux-arts quelques mois plus tard. Puis c’est au tour de Guillaume Apollinaire de saluer «son grand talent». Ses figures, qu’il montre aux salons parisiens ou à la galerie Paquereau, forgent sa réputation. Nombreux sont ses élèves – Simon Goldberg, René Babin, Raymond Corbin… – à l’école des Arts appliqués et à la Grande Chaumière, où il succède à Antoine Bourdelle. Des commandes publiques viennent émailler sa carrière, dont des réductions sont mises aux enchères aujourd’hui. Tel est le cas de L’Offrande(voir photo), Zeus, 1937 (12 000/15 000 €) ou Calme hellénique, 1928(même estimation). À retenir enfin, un rare buste en marbre blanc de Françoise, l’une de ses filles, dont il accentue les traits du visage afin Robert Wlérick (1882-1944), L’Offrande, épreuve en bronze d’évoquer les privations de la guerre (7 000/9 000 €). numérotée 3/10, fonte à la cire perdue de Claude Valsuani, 1932-1933, 67 x 77 x 34 cm. MARDI 8 JUIN, SALLE 1 – DROUOT-RICHELIEU. CRAIT + MÜLLER OVV. Estimation : 15 000/20 000 € MME TURBAT, M. AUFFRET, CABINET SCULPTURE & COLLECTION. 42 LA GAZETTE DROUOT N° 22 DU 4 JUIN 2021 © COPYRIGHT AUCTIONSPRESS