LE MONDE DE L’ART I PORTRAIT Vue de l'exposition, avec notamment une peinture de Famakan Magassa réalisée sur une photographie de Maurice Renoma. Nteur l’a mis en scène lors d’une rétrospective jets et expositions avec une aisance déconcer- Ce poisson restera le fil rouge, en arrière- en 2013, au Souplex – nom donné au sous-sol tante. Affichant son soutien écologique plan ou non, de mes expositions. On essaiera de la boutique, aménagé en salle d’exposition contre les méfaits du plastique dans l’une des de continuer à faire passer le message, même – et au Renoma Café Gallery, avenue dernières en date, «Mythologie du poisson s’il y a peu d’espoir que l’humain en prenne Georges-V : soit cinquante ans de carrière rouge», présentée l’an passé entre le Souplex réellement conscience.» immortalisés par un livre événement, Un + et l’Appart Renoma – galerie depuis peu Beaucoup plus discrète est la présence de un= 3. Maurice Renoma, une aventure singu- inaugurée au-dessus de la boutique –, il nous Cristobal dans la nouvelle exposition, lière, publié aux éditions de La Martinière. invite à une réflexion sur l’environnement. «Scène symphonique», présentée jusqu’à fin «Titre évocateur qui est pour moi une façon Cristobal, un petit poisson rouge et jaune en juin à l’Appart Renoma. Maurice Renoma de mettre en rapport deux modes d’expres- plastique, acheté dans une boutique de Tel- y a convié à ses côtés, outre le Béninois sion, de les mélanger afin d’en extraire une Aviv et présent dans chacun de ses clichés, Dominique Zinkpè en invité spécial, deux troisième voie. C’est un peu le principe de la lui sert de fil conducteur. «Pour moi, le pro- jeunes artistes africains : le Camerounais famille, lorsqu’un homme et une femme se chain virus viendra du plastique. On ne peut William Bakaïmo et le Malien Famakan rencontrent et que de leur union naît un rien faire contre lui, c’est un peu le dieu sur Magassa. Chacun revisite à sa façon la enfant… Je n’aime pas trop me répéter et Terre. C’est le pétrole et si l’on n’a pas de nature de l’homme dans ce qu’elle a de plus passe généralement très vite à autre chose. pétrole, on revient à l’âge de Cro-Magnon. séduisant et effrayant. «Ces deux peintres C’est automatique chez moi, j’ai toujours un Il y a un réel problème de recyclage, procédé nous placent, chacun à leur manière, face à plan B. C’est pourquoi je me suis posé la ques- excessivement cher et qui devient donc le nos démons et nos contradictions. Nous tion : est-ce que la mode me suffit ? Tourner problème de l’homme. L’idée de cette expo- vivons dans une société complètement en rond et faire de la réédition de vêtements sition m’est venue lors d’un voyage en Malai- déboussolée et pervertie. C’est le trouble Renoma ? Certainement pas ! C’est une des sie : je me suis aperçu que les Chinois étaient que je peux parfois ressentir, une sorte de raisons pour lesquelles j’ai voulu me confron- les véritables prédateurs de ce petit pays. yin et de yang qui traverse notre conscience, ter à la photographie.» Ils rachètent quasiment toutes ses plages et un maximum de couleurs, d’énergie et en rasent les forêts, qu’ils transforment en d’ondes, négatif ou positif peu importe, qui Cristobal, le poisson rouge palmeraies pour en extraire l’huile de palme. peut remplir un esprit à la fois agité et Prêt à se réinventer, en état d’insatisfaction C’est un véritable désastre, surtout du point serein». Une ambiance dans laquelle le célè- permanente, bousculant les frontières strictes de vue des déchets que la mer et sa faune bre couturier et homme de l’art semble tirer de la mode, Maurice Renoma enchaîne pro- récupèrent : ça voyage sur tout le littoral. le meilleur de sa créativité. < LA GAZETTE DROUOT N° 22 DU 4 JUIN 2021 229 © COPYRIGHT AUCTIONSPRESS AMONER ©