LE MONDE DE L’ART I FOCUS Ndent du numérique, que le festival ne pouvait passer sous silence. Cette révolution à grande vitesse sera explorée à travers une réflexion croisée entre le musée des Impressionnismes à Giverny, la villa du Temps retrouvé à Cabourg, le château de Fontainebleau et le musée Narbo Via à Narbonne, autour du rôle et de la place du numérique dans la média- tion. Pour rebondir sur la publication de la revue Histoire de l’art, consacrée aux humani- tés numériques et coordonnée par Olivier Bonfait, Antoine Courtin et Anne Klammt, un débat mettra l’accent sur les ressources et métamorphoses qu’induisent ces techniques pour l’histoire de l’art, les musées et le patri- moine. Dans ce sillage, l’explosion des visites virtuelles sera analysée à travers l’exemple de celle sur les académies d’art du XVIII siècle,e fruit de recherches universitaires de longue haleine, valorisées par le recours au digital. De même, le réseau desécoles françaises à l’étranger présentera les enjeux de l’émer- gence des nouvelles technologies en archéolo- gie.« Du big data à la mondialisation de la recherche, en passant par les technologies innovantes, il était important de laisser une grande place au numérique pour rappeler combien l’histoire de l’art et ses méthodes évoluent avec les outils à disposition », sou- ligne Veerle Thielemans. Art et société La conscience d’une discipline mouvante a été particulièrement marquée cette année par la tempête qu’a fait souffler jusque dans les musées le mouvement Black Lives Matter ou la cancel culture. « Nous nous devions de por- Le décor de la chambre de la duchesse d’Étampes, château de Fontainebleau (détail). ter l’accent sur les enjeux sociétaux du patri- © B. LECUYER-BIBAL moine, rappelle Veerle Thielemans. L’his- toire de l’art ne se résume pas à la découverte d’une œuvre dans un grenier mais intègre les débats d’une société. Le rôle du festival est de l’OCBC Jean-Luc Boyer dialoguera avec patrimoine au Liban. Tandis que pour la pre- resituer cette actualité dans l’histoire, et non l’historien de l’art Morgan Belzic sur le fléau mière fois, deux ateliers de formation seront simplement la commenter. » C’est en fidélité du trafic des biens archéologiques, dont la organisés sur les modalités de création d’un à cette démarche scientifique que l’histo- pandémie a ravivé le dynamisme, hors de projet de recherche en histoire de l’art. rienne de l’art Anne Lafont, directrice tous les radars médiatiques. Le sort des étu- « Depuis longtemps, le festival ancré dans l’ac- d’études à l’EHESS, et Laurence Bertrand diants, en cette année de fermeture des uni- tualité cherchait à devenir un lieu de forma- Dorléac, à la tête de la Fondation nationale versités, a poussé le festival à leur laisser une tion, explique Veerle Thielemans. Cette pre- des sciences politiques et nouvelle présidente place particulière. « Nous avons un rôle à mière offre doit rappeler la collaboration du festival, analyseront l’épisode de débou- jouer vis-à-vis de nos futurs collègues, les indispensable des disciplines qui se joue en lonnage des statues à travers le prisme des aider à parler de leurs recherches, à rencon- histoire de l’art entre scientifiques, archivistes révisions historiques imposées par l’évolution trer des professionnels hors du milieu institu- et historiens. Et permettre de dessiner des des perspectives et des valeurs sociales. Sur tionnel… », estime Vincent Droguet, sous- projets d’avenir ». L’avenir, tel est probable- un autre sujet, l’enquêteur de police à directeur des collections au ministère de la ment le maître mot de cette mouture 2021. Culture. Invité d’honneur de l’Université de « Le festival est avant tout un événement fes- Printemps, Gérard Garouste promet de rap- tif tourné vers le futur, qui réaffirme l’impor- peler dans sa conférence inaugurale le lien tance des pratiques culturelles. C’est aussi essentiel qui unit l’art et la jeunesse. À la tête pour cela que nous avons fait davantage de Pose des échafaudages dans la nef de l’Institut national du patrimoine, Charles place cette année aux artistes et au spectacle de Notre-Dame. Personnaz présentera un des projets structu- vivant, pour retrouver le contact avec la cul- © DAVID BORDES/ÉTABLISSEMENT PUBLIC CHARGÉ ture, avec le public. Et se projeter », conclut DE LA CONSERVATION ET DE LA RESTAURATION DE LA CATHÉDRALE rants de son école : la création d’un centre NOTRE-DAME DE PARIS régional de formation des professionnels du Marie-Christine Labourdette. < LA GAZETTE DROUOT N° 22 DU 4 JUIN 2021 221 © COPYRIGHT AUCTIONSPRESS