LE MONDE DE L’ART I FOCUS Débats festifs au Festival de l’histoire de l’art Annulé l’an dernier pour cause de pandémie, le Festival de l’histoire de l’art réaffirme cette année sa raison d’être. En réadaptant sa programmation sur l’actualité du patrimoine, les organisateurs battent en brèche l’idée d’une culture à l’arrêt depuis unan. PAR SARAH HUGOUNENQ Face à dix mois de fermeture sur pour renouer avec une effervescence autour l’historien des idées Pascal Ory y apporteront quatorze, le mot « actualité » pour- des savoirs, de l’histoire, de l’art », se réjouitleur point de vue. Plus tard, les musées des rait paraître galvaudé dans l’uni- Marie-Christine Labourdette, nouvelle prési- beaux-arts de Draguignan, Dijon ou le vers du patrimoine. Co-organisé dente du château. Durant trois jours, du 4 au Muséum national témoigneront de la par l’Institut national d’histoire de l’art et le6 juin, le festival rembobinera donc le fil de manière de faire vivre les collections d’un éta- château de Fontainebleau, le Festival de l’his- cette année lourde en chocs et révolutions blissement interminablement fermé. « La pro- toire de l’art fait le pari d’affirmer le contraire.dans le monde des musées. Si le thème du grammation sur la fermeture des musées est Convaincu de son indispensabilité, qui plus plaisir et l’invitation faite au Japon ont été volontairement restreinte car le festival n’a est au terme d’une année qui a vu les musées repris du programme initialement conçu pour pas vocation de commenter l’actualité à baisser le rideau et parfois, à l’étranger, tirer2020, le volet autour de l’actualité du secteur chaud, rappelle Marie-Christine Labourdette. leur révérence, le festival a commencé par a volé en éclats pour être totalement remanié. Nourri par des historiens, il a vocation à ana- militer pour exister en 2021, et rester ainsi en lyser ces changements dans une perspective prise avec les enjeux qui révolutionnent le Humanités numériques plus longue sur la base d’une démarche scien- paysage culturel. « Je me suis mobilisée dans et matérielles tifique et non d’un ressenti. » L’accent est la continuité de ce qu’avait fait Jean-François « Après cette année difficile, une des pre- donc porté sur la manière dont l’activité s’est Hébert – président du château jusqu’en mars mières questions que, je pense, nous nous poursuivie au gré d’une année cachée, mais 2021 –, pour maintenir le festival et l’organi- sommes tous posée est celle de notre rôle en non perdue. Le général Georgelin fera un ser au maximum en présentiel, sur la base tant qu’historien, conservateur, restaurateur, point sur l’évolution et les résultats de la d’un protocole strict. Rendez-vous des profes- etc., explique Veerle Thielemans, directrice recherche autour du chantier de Notre-Dame sionnels et du grand public depuis dix ans, le scientifique du festival. Plus que de pleurer de Paris, Pierre Rosenberg évoquera le futur festival est encore plus important cette année sur notre sort, je voulais que le festival mettemusée du Grand Siècle, tandis que les muta- en avant les initiatives qui ont émaillé l’annéetions à l’œuvre dans le marché de l’art durant dans le patrimoine et ouvre des pistes pour cette année de toutes les mutations (mondiali- Festival de l’histoire de l’art, château chacun. » C’est dans cette perspective qu’a sation, numérisation et émergence de nou- de Fontainebleau (77), tél. : 01 60 71 50 60, été pensée la table ronde délicatement intitu- veaux acteurs en ligne) seront questionnées www.chateaudefontainebleau.fr lée, trois semaines après la réouverture des par Sylvain Alliod, rédacteur en chef de La et www.festivaldelhistoiredelart.fr lieux culturels : « Et maintenant, où en est la Gazette Drouot, et l’expert Nicolas Joly. Du 4 au 6 juin 2021. culture ? » Olivier Gabet, à la tête du musée Cette poursuite de l’activité s’est aussi et sur- des Arts décoratifs, l’actrice Jeanne Balibar ettout faite grâce au développement sans précé- N 218 LA GAZETTE DROUOT N° 22 DU 4 JUIN 2021 © COPYRIGHT AUCTIONSPRESS