UNE DÉCENNIE DE MUTATIONS 1965 et 1979) grandit avec l’idée de faire carrière, mais le contexte change : le chômage de masse apparaît, les places sont chères et les carrières en dents de scie. La pression monte. Pour garder son emploi, on ne lésine pas sur les heures sup’, le surmenage, quitte à négliger sa vie personnelle. » Débarquent alors les millennials : « C’est une génération de rupture. Ils ont vu leurs parents fatigués, stressés, licenciés à 50 ans après avoir sacrifié soirs et wek-ends : de ce travail-là, lae nouvelle génération ne veut plus. » DU SENS AVANT TOUT Mais que veut-elle au juste ? On la dit pares- seuse, peu impliquée, infidèle… Ces clichés sont loin, très loin, du compte. Ils cachent en fait deux évolutionsonf damentales. D’abord, un rap- port court-termiste au travail. « Les millennials pensent leur parcours professionnel en “mode pro- jet”, explique Rémy Oudghiri. Le nouveau graal : trouver son compte ici et maintenant. » Et s’ils ne du travail sont trop rapides (37 %) ; parmi eux, trouvent pas de sens dans leur boîte actuelle, ils les seniors sont surreprésentés. Reste que « l’état s’en vont sans complexe.Seconde évolution, un d’esprit des millennals, leurs exigences de bien-être rapport à l’autorité revisité. « C’est la première gé- et d’autonomie bénéficient aux autres salariés ». nération qui dispose d’un savoir ultra-stratégique : Quant à leur volonté d’horizontalité, c’est une le numérique. Les millennials ont grandi avec Inter- main tendue. Insécurisés par les ruptures tech- net, une compétence technologique qui inverse le nologiques répétées, l’arrivée de l’intelligence rapport d’autorité. » Pour autant, artificielle et l’évolution sac- ils ne désirent pas le pouvoir, mais cadée des métiers, les seniors souhaitent davantage contribuer L’AUTORITÉ trouveraient ainsi leur salut dans à faire évoluer l’entreprise. Une l’intergénérationnel. « Je ne crois étude de 2018 menée par l’institut NE FAIT PAS pas au choc des générations. Tout BVA montre que l’autorité ne fait RÊVER ce beau monde peut vivre harmo- plus rêver : 80 % des salariés ne LES MILLENIALS. nieusement dans l’entreprise », souhaitent pas devenir cadres. Le conclut le sociologue. salarié de demain veut une entre- prise moins hiérarchique. CRÉÉR DU LIEN Quant aux seniors, pris de De fait, les exemples ne vitesse, ils auraient, selon Rémy manquent pas d’innovations Oudghiri, tout à gagner à observer les petits managérialesqui s’efforcent de convertir cette jeunots. Certes, tout va plus vite : un sondage cohabitation en véritable collaboration. Il y a (BVA toujours) révèle qu’en 2018 plus d’un tiers d’abord l’art de réunir les générations. Ainsi, le des salariés estime que les évolutions du monde programme Pass’Compétences – lancé en 2011 44 kcotsrettuhS ©